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Les dessous du limogeage du personnel de Nexttel

Ces derniers ont reçu leur lettre de licenciement ce 16 juin 2020, au moment où le climat social au sein de l'entreprise de téléphonie mobile est perturbé par une grève d'une partie de son personnel

Après 5 jours de grève devant l’immeuble John Lae d’Akwa, siège de la société Viettel Cameroun S.A, le préfet du Wouri a rencontré les membres du Syndicat national autonome des travailleurs des nouvelles technologies et l’information et de la communication  (Syntic) et le top management de Viettel Cameroun S. A. Ce 16 juin 2020, Benjamin Mboutou tentait de reconcilier les deux parties suite à l’échec de la conciliation auprès de la déléguée du travail et de la sécurité sociale pour le Littoral. Allant dans le sens de l’apaisement, le préfet du Wouri apprendra quelques heures plus tard, que 50 employés de l’entreprise ont été virés. Parmi eux, 30 grévistes. Ces derniers recevront par voie d’huissier leur lettre de licenciement sur le lieu même de leur mouvement de protestation.

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Discussions 

Marc Bakwo, Jordy Tseya Mu-Asha, Charlotte Atewah, Gladys Biboum, Nde Fru Tanda, Christine Mafeing, John Elvis Nchotebah, Olivier Mbongo Ekwala, Julien Ekobo Mbama, Dioh Emmanuel Itoe Nyanda, Patrick Delon Priso Dikongue, Rodrigue Gabriel Bocka Essoke, Jeanne Nadia Mbock Soun, Herve William Mpessa, Aude Djine Wayou, Clément Tiofack Bavoua Tekeu, Jean Brice Awono, Gildas Rabelais Feutseu, Armelle Monique Lemi, Etienne Kack kack, Yannick Essame Essame, Odette Ngo Billong, Janvier Eyike, Michelle Gaëlle Njoh, Thierry Manga Belinga, Frédéric Hand Njodzeka, Fabrice Ndong, Guy Oulem, Blaise Mpessa Ebimbe, Madame Bakoa epse Djami Murielle Doris ont été exclus de l’effectif de Viettel Cameroun S.A «pour faute lourde». La lettre co-signée d’Haman Oumar, le Directeur général et Ahmadou Maliki, le Directeur des ressources humaines, mentionne qu’en date du 11/05/2020, « nous avons reçu une correspondance d’un mouvement syndical dont vous faites partie nous faisant part de revendications à l’endroit de l’entreprise. Le temps pour l’entreprise de se préparer pour mieux organiser le cadre dans lequel devait se faire les discussions, surprise a été grande de recevoir, le 10/06/2020 de votre syndicat un avis de grève illimitée qui prendrait effet dès le lendemain 11/06/2020. En date du 11/06/2020, vous avez été formellement identifié parmi ceux qui ont participé à cette grève qui porte un coup grave à la réputation et à l’image de l’entreprise. Ceci est inacceptable! »

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Le Syntic revendiquait dans la correspondance sus-évoquée, la réintégration des employés licenciés abusivement depuis la mise sur pied du syndicat, le reclassement des employés selon leur ancienneté, réinstauration des congés annuels payés, respect des normes sécuritaires pour les employés des zones à haut risques (Noso et Extrême Nord), paiement systématique des frais de déplacement en cas de mutation et l’élection des délégués du personnel. Autres revendications, la reprise des visites systématiques annuelles d’entreprises, le respect plein et entier de la démocratie sociale, et le remplacement du Directeur général, du Directeur des ressources humaines, ainsi que du Secrétaire général entre autres. 

Détournement de fonds

Le top management de Viettel Cameroun S.A avait balayé d’un revers de la main, les principales revendications des grévistes (voir encadré). Moussa Ousseini, le Directeur commercial de Viettel S.A explique : «la Direction générale de Viettel Cameroun est toujours conciliante et privilégie le dialogue social. La condition pour que les grévistes puissent regagner leurs postes était de respecter la charte et le règlement intérieur de l’entreprise. Ce qui n’a pas été fait. Le préfet et le sous-préfet leur ont demandé de se départir des uniformes noirs qu’ils portaient et de regagner leur poste. Ce qu’ils ont une fois de plus refusé. Dans une entreprise lorsque la perte de confiance est avérée son image ternie, et l’abandon de poste, on l’assimile à une faute lourde. Nous prenons à témoin l’opinion nationale et l’Internationale, Nexttel Cameroun ne licencie pas son personnel par rapport à l’appartenance à un syndicat. Nous avons licencié pour défaut de rendement, vols, détournements de fonds. Nous avons tout fait pour préserver l’emploi et privilégier le dialogue social, en vain. Les droits des licenciés seront respectés»

Viettel Cameroun S.A juge par ailleurs hors-la-loi la démarche gréviste du Syntic. « Il est important de vous préciser que conformément aux dispositions des articles 158 et suite du code du travail, traitant de la procédure de conciliation et d’arbitrage en cas de différend entre employeurs et travailleurs, votre démarche est illégale puisque votre avis de grève ne fait pas suite à une décision arbitrale ayant acquise force obligatoire». L’entreprise de téléphonie mobile qualifie «d’acte irréfléchi », le mouvement de protestation entamé par le Syntic, les exposant aux dispositions des articles 165 du code de travail. Justifiant ainsi le licenciement qui prend effet à compter du 12 juin 2020.

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Déclaration officielle de Nexttel Cameroun S.A

1- Existence légale du «Syndicat National Autonome des Travailleurs des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (Syntic)»

Aucun certificat d’enregistrement du syndicat n’a été délivré par le Ministère du travail et de la sécurité sociale. Ce document attestant alors de l’existence légale du Syndicat.

2- La réduction des salaires de 50%

Cette affirmation est fausse. Il est demandé aux grévistes de prouver cette accusation par la production de leur bulletin de paie qui attestera leurs allégations. Par ailleurs, il convient d’indiquer qu’une désinformation a fait l’objet de parution dans les réseaux sociaux et certains médias dans ce sens. Toute chose qui aurait été formellement démentie par le top management de Viettel Cameroun.

3- L’élection du Délégué du personnel

L’élection du Délégué du personnel est une préoccupation au sein de l’entreprise et va se tenir dans les meilleurs délais. L’entreprise traverse  une crise et est plus portée à maintenir la qualité du «réseau» et la sécurité des emplois. Une fois la situation rétablie, cette élection sera effectuée.

4- Harcèlement en milieu de travail

La société Viettel Cameroun compte plus de 1000 employés. S’il existe des harcèlements, il revient aux employés de les porter à l’attention de la hiérarchie à travers les canaux formels de communication au sein de l’entreprise. Il s’agit par exemple de porter son mécontentement au Directeur des ressources humaines ou alors au Directeur général.

5- Le 13ème mois

Le paiement du 13ème mois représente une gratification qui est payé lorsque l’entreprise a une activité rentable en fin d’exercice. C’est une forme de redistribution des dividendes. Une entreprise déficitaire comme la nôtre ne peut pas se permettre de payer le 13ème mois quand les charges de fonctionnement ne sont pas couvertes. 

6- Discrimination salariale

Le salaire au sein de Viettel Cameroun est négocié de commun accord entre l’employeur et l’employé durant la signature du contrat. Les prétendues réclamations ne se justifient pas. Aussi, la liberté de contraction voudrait que si l’on n’est pas d’accord, on n’accepte pas l’offre proposée.

7- Congés payés

Les congés sont payés à Viettel Cameroun. Pour des raisons de pression de travail, il peut arriver qu’ils soient différés. Cependant, ces derniers sont rattrapés quand les circonstances le permettent.

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