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Lutte contre le Covid-19 : 58 milliards de FCFA encore dans l’incertitude

Un mois et demi après la survenance de la pandémie de la Covid-19 au Cameroun, le gouvernement tarde toujours à informer de manière précise les contours de son plan de riposte.

Dans la matinée du jeudi 16 avril 2020, la situation épidémiologique de la maladie à coronavirus au Cameroun faisait état de 922 cas confirmés de contamination, parmi lesquels 24 personnels de santé. Ces chiffres étaient présentés par le ministre de la Santé publique aux membres de l’Assemblée nationale, en session plénière. La communication du Dr Manaouda Malachie avait pour principal objet de présenter aux députés récemment (ré)élus le volet sanitaire du plan de riposte engagé par le gouvernement camerounais depuis la découverte du premier cas de Covid-19 le 5 mars dernier sur le territoire camerounais.

Dans son document de déclaration aux députés, dont EcoMatin a eu copie, le ministre Manaouda Malachie ne fait pas cas de la répartition des moyens financiers et techniques mis en branle par le gouvernement pour faire face à la crise liée à la Covid-19. C’est un tweet de Cabral Libii, député et président du Parti camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) qui donne un détail important : le plan de riposte gouvernemental contre la Covid-19 repose sur un budget provisoire de 58 milliards de FCFA. Il ne précise aucune répartition de cette enveloppe.

Motus au Premier ministère

Encore que, dans ce cadre, il échoit au ministre des Finances, et encore plus au Premier ministre Joseph Dion Ngute, qui pilote la riposte, d’indiquer aux Camerounais comment l’Etat compte gérer cette crise afin qu’elle n’ait pas un impact trop grave sur l’économie du pays. Mais, pour l’heure, c’est motus et bouche cousue à l’Immeuble Etoile de Yaoundé. Pourtant, on aurait attendu que l’Etat communiquât sur ce plan de riposte. La question de savoir comment seront répartis les 58 milliards de FCFA est primordiale.

Récemment, les entreprises privées ont sollicité l’accompagnement de l’Etat et ont fait des suggestions. Jusqu’ici, aucune information ne leur est donnée. Le secteur industriel, concerné par exemple par la fabrication de masques de protection, est en attente. Au sein de la Recherche scientifique, c’est également le vide. Quid par exemple du montant à allouer pour la fabrication de 6 000 comprimés de chloroquine par jour que le gouvernement a annoncé il y a quelques jours ? On pourrait également se demander à quelles proportions financières seront accordées aux ménages les plus vulnérables, comme cela s’est dans d’autres pays, à l’instar du Gabon voisin. Pour l’instant, au Cameroun, en déterminer les contours ne semble pas encore une priorité.

Fonds spécial de solidarité

Aucune information non plus sur la gestion du Fonds spécial de solidarité mis en place sur ordre du président de la République, et abondé en urgence d’un milliard de FCFA. Le 15 avril, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze a annoncé dans un communiqué la création d’un compte bancaire auprès de BGFIBank où les dons en numéraires, par chèque bancaire ou virement, pourront se faire pour appuyer ledit fonds. Les appuis peuvent aussi être faits au travers du guichet des postes comptables du Trésor public (trésoreries générales et perceptions auprès des missions diplomatiques et consulaires).

Sauf que, jusqu’à présent, point de lumière sur les montants déjà collectés. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute, chargé de piloter le plan de riposte, n’en dit pas un mot. Au ministère de la Santé publique, qui avait déjà commencé à recevoir des chèques et des dons en consommables et matériels médicaux, la dernière communication au sujet des contributions remonte au 4 avril, lorsque le Minsanté révélait : « nous avons reçu des entreprises citoyennes et de personnes de bonne volonté la somme cumulée de sept-cent soixante-dix millions cent cinquante mille FCFA dont cinq cent millions FCFA en attente de virement dans le compte dédié ».

Inquiétudes

Brouillard total sur l’utilisation de ces financements. Tout juste si des sources soufflent à EcoMatin que « ces ressources financières ont permis de prendre en charge, entre autres, les hôtels dans lesquels les passagers arrivés au Cameroun ont été confinés, la gestion des équipes de terrain dans le cadre du suivi permanent de cette épidémie, l’acquisition des équipements de protection individuelle et d’assainissement ». Et certaines autres charges directes.

L’absence d’information claire au sujet de la gestion financière du plan de riposte pose ainsi deux questionnements. Le premier est, qu’au regard de la gestion des fonds de solidarité déclenchés par le passé (Boko Haram et Guerre dans le Nord-ouest et le Sud-ouest), le Cameroun s’achemine-t-il encore une fois dans l’imbroglio ? La seconde, et non des moindres, est de savoir si, en réalité, le gouvernement n’a pas encore définitivement établi son plan de riposte, plus de 45 jours après la survenue du Covid-19.

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