A la UneConjoncture

Péages routiers automatiques : des doutes sur l’optimisation des futures recettes

L’objectif d’améliorer les recettes ne ressort pas clairement de l’acte d’attribution du marché au consortium Razel BEC-Egis Projects, signé récemment par le Premier ministre, Dion Ngute.

Le projet d’automatisation des postes de péages routiers annoncé depuis 2009 fait peser un doute quant à l’optimisation des recettes, principal objectif du gouvernement à travers cette future réalisation. En effet, les stratégies visant à rentabiliser davantage ces péages, ne sont pas clairement exprimés dans l’acte d’attribution du marché au Consortium Razel BEC-Egis Projects. Le rapport 2017 du Fonds routier indique qu’une étude a été commise et menée en 2016 en vue d’optimiser le dispositif de collecte et de reversement des ressources. Mais celle-ci n’a pas été rendue publique.

Le Premier ministre semble même avoir renvoyé la discussion du contenu de l’exécution de ce projet à des discussions ultérieures : « Le ministre des Travaux publics est chargé d’adresser une lettre de notification officielle audit adjudicataire, après publication du présent communiqué, lui indiquant les modalités pratiques relatives à la négociation des termes du contrat de partenariat», peut-on lire dans le communiqué. De même, aucune communication n’a été faite sur une éventuelle augmentation du prix du péage qui constitue l’essentiel de ses recettes.

Les défis de Razel

En termes financiers, le consortium Razel devra s’assurer de garantir, à travers ces péages automatiques, des revenus moyens d’au moins 6 milliards par an, pour être au-dessus de la moyenne des recettes des cinq dernières années, opérées par le péage manuel. Selon le rapport annuel 2017 du fonds routier, il ressort que la contribution du péage routier n’a jamais franchi la barre de 6 milliards de FCFA entre 2013 et 2017.


>> Lire aussi – Péage routier : le gouvernement ressuscite le controversé projet de péage automatique


Rappelons qu’une étude a été faite sur ce projet et a déjà couté 2,5 milliards de FCFA au gouvernement camerounais. Les propositions de l’adjudicataire restent attendues quant à la livraison de ce chantier qui aura duré plus de 10 ans. Cependant dans son rapport 2017, le fonds routier qui est le principal bénéficiaire des ressources de ce péage routier, a donné des indications sur ce à quoi pourrait ressembler les responsabilités de l’adjudicataire. Il devra en dehors de la conception, la construction, l’équipement, et l’exploitation des péages, assurer la maintenance courante desdites infrastructures sur le moyen terme, et surtout « la traçabilité des opérations pour faciliter le recouvrement par l’État et/ou le reversement par les opérateurs du produit du droit collecté ».


>> Lire aussi – Poste de péage automatique: Razel Bec Société retenue pour exécuter le marché


L’on pourrait s’acheminer vers un ticket de péage quintuplé au Cameroun, notamment pour les 14 premiers qui seront concernés par l’automatisation. Il pourrait passer ainsi du prix de 500 FCFA actuellement pratiqué à 2 500 FCFA. C’est du moins ce qui ressort des simulations effectuées par les entreprises soumissionnaires à un avis d’appel public international à manifestation d’intérêt, en vue de la sélection des entreprises ou des groupements d’entreprises devant accompagner le gouvernement du Cameroun pour le financement, la conception, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance de 14 postes de péages automatiques sur certaines routes bitumées de son réseau routier.


>> Lire aussi – Partenariat : l’Etat cherche un partenaire pour exploiter l’autoroute Kribi-Lolabé


Pour ces entreprises, le prix de 500 FCFA par ticket de péage pratiqué actuellement n’est pas rentable. Surtout que leurs estimations pour l’installation des péages automatiques prennent en compte les montants nécessaires pour l’éventuelle acquisition des terrains, avec pour corollaire, les indemnisations des riverains ayant des biens se trouvant dans l’emprise des travaux. Mais également, les frais liés à la maîtrise d’œuvre. Notamment, les prix généraux, le dégagement des emprises, les terrassements, les chaussées, l’assainissement, le génie-civil des postes de péage, les voies et réseaux divers, les bâtiments, auvents et cabines de péage et les équipements d’exploitation. Tout ceci a un coût, et celui-ci devrait être répercuté sur le prix du péage afin que le concessionnaire retenu rentre dans ses fonds pendant la durée de la concession.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page