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Abbas Jaber : « nous n’avons jamais évalué à 32,7 milliards de Fcfa nos actifs à la Sodecoton »

Après avoir tenté, 4 ans plus tôt, de prendre le contrôle de la Société de développement du Coton (Sodecoton), le patron du groupe Advens-Geocoton, qui détient 30% du capital de cette entreprise camerounaise, s’est engagé, à la fin de l’année dernière, dans un processus de cession de ses actifs au Cameroun et en Afrique. Ce dernier revient sur les raisons qui ont motivé son retrait de la table ronde de la Sodecoton et réfute catégoriquement les chiffres avancés par les médias au sujet de la valorisation de ses actions.

lI y a quatre ans, Advens-Geocoton projetait de monter dans le capital de la Sodecoton, à hauteur de 51%, et promettait d’investir 60 milliards de Fcfa pour sa modernisation. A présent, vous souhaitez plutôt en sortir, comme dans d’autres filiales africaines. Pourquoi un tel revirement ?

Des considérations personnelles et familiales ont joué un rôle important, mais en tant qu’entrepreneur, mes décisions sont également guidées par une vision stratégique. La Sodecoton a brillé ces dernières années en réalisant d’excellents résultats grâce à une gestion rigoureuse, au soutien avisé et solidaire des autorités et un soutien technique sans faille de Geocoton. Nous partons en laissant une Sodecoton en bonne santé avec de belles perspectives.

Où en sont les discussions avec d’éventuels repreneurs et quelles sont les suites du processus ?

L’État bénéficie d’un droit prioritaire et il serait naturel qu’il souhaite l’exercer, compte tenu de l’importance de cette filière pour le Septentrion. Aussi, d’autres acteurs privés locaux et étrangers sont attirés par notre participation dans Sodecoton, reconnaissant sa bonne rentabilité et ses perspectives tellement prometteuses ; mais l’Etat reste prioritaire.

Confirmez-vous la valorisation des parts (30%) que vous détenez dans Sodecoton à 32,7 milliards de FCFA, tel que rapportée par la presse ?

Nous n’avons jamais confirmé un tel montant. L’origine de ce chiffre avancé par certains journalistes reste inconnue. Seule une évaluation par des professionnelles et les négociations définiront le juste prix.

Est-ce un départ définitif du Cameroun alors que le marché nigérian, à proximité, présente un intérêt pour votre groupe au regard des perspectives démographiques de ce pays voisin ?

Non, nous envisageons de maintenir notre présence au Cameroun, en contribuant à des secteurs clés pour le développement du pays notamment dans l’énergie solaire, la logistique et l’élevage. Depuis l’acquisition de Dagris en 2007, les relations avec le gouvernement camerounais ont été exemplaires. Nous avons proposé d’étendre notre expertise à d’autres domaines, une initiative bien accueillie par les autorités. Le Cameroun a la vocation d’être le grenier de l’Afrique ; le pays peut compter sur notre participation pour relever ce défi.

Notre stratégie en Afrique s’inscrit dans une vision à long terme. Nous concentrons nos efforts et nos investissements dans les secteurs et les régions à grande valeur ajoutée.

Le groupe étant également présent dans l’énergie, la meunerie et la logistique, entre autres, le Cameroun est-il en droit d’espérer des investissements dans ces domaines ?

Absolument. Nous avons commencé à exposer notre plan d’investissement aux autorités dans le domaine de l’énergie solaire. La logistique est également un secteur porteur au Cameroun auquel nous réfléchissons, vu l’étendue du territoire et la nécessité de relier les régions et les villes entre elles. Quant à la meunerie le Cameroun est bien doté dans ce domaine et n’a pas besoin d’investissements supplémentaires.

Le Cameroun s’est fixé une production de 600 000 tonnes annuelles de coton à moyen terme. A quelles conditions cet objectif peut-il, selon vous, être atteint ?

Avec un rendement cotonnier moyen de 1500 kg par hectare, le meilleur d’Afrique, l’objectif de 600 000 tonnes peut être rapidement atteint, voire dépassé. Cela nécessite la construction de nouvelles unités industrielles ; la demande des agriculteurs est forte, motivée par une très bonne rentabilité. Grace au coton, Les agriculteurs produisent également des céréales et des légumineuses, ce qui contribue à l’autosuffisance alimentaire. Dans le Nord et l’Extrême-Nord, la Sodecoton est ancrée dans le quotidien des populations et est un puissant moteur d’inclusion et de développement économique.

Nous avons commencé à exposer notre plan d’investissement aux autorités dans le domaine de l’énergie solaire.

Comment entrevoyez-vous l’avenir à la fois de la Sodecoton et de la filière cotonnière locale d’ici à l’horizon 2030 ?

La filière cotonnière du Cameroun est l’une des plus dynamiques d’Afrique. Je ne serais pas surpris que Sodecoton puisse atteindre le million de tonnes d’ici 2030.Le savoir-faire des paysans, la pluviométrie ainsi que l’accompagnement des autorités sont les atouts majeurs qui font que l’objectif n’est pas déraisonnable. Par ailleurs l’objectif de l’autosuffisance alimentaire sera également un moteur puisque que le coton est une culture locomotive car elle entraîne dans son sillage les cultures vivrières (1/3 céréales, 1/3 légumineuses, 1/3 coton) de plus du coton on extrait de l’huile alimentaire ainsi que des protéines végétales dont l’immense cheptel Camerounais a besoin. Nous avons l’habitude de dire que « Tout est bon dans le coton ».

Nous avons proposé d’étendre notre expertise à d’autres domaines, une initiative bien accueillie par les autorités. Le Cameroun a la vocation d’être le grenier de l’Afrique ; le pays peut compter sur notre participation pour relever ce défi.

D’autres désengagements de votre groupe sont annoncés çà et là sur le continent. Quelle sera sa nouvelle configuration en Afrique, au terme du mouvement qui a démarré ?

Notre stratégie en Afrique s’inscrit dans une vision à long terme. Nous concentrons nos efforts et nos investissements dans les secteurs et les régions à grande valeur ajoutée, le tout dans une logique de développement durable pour le continent. Nous prévoyons de nous développer autour de pôles stratégiques, en mettant l’accent notamment sur les énergies renouvelables et la logistique. Cette reconfiguration vise à optimiser notre empreinte sur le continent, en contribuant de manière significative aux économies des pays où nous sommes présents tout en assurant une croissance durable pour notre groupe. En un mot : un échange gagnant-gagnant.

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