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Cameroun : le gouvernement prévoit 22 milliards de Fcfa pour relever la production d’huile de palme

Avec une capacité de production largement inférieure à la demande estimée à plus de 1 million de tonnes, cette filière bénéficiera de 7 milliards de Fcfa en 2024. L’objectif étant de réduire les importations.

D’après des experts, le Cameroun regorge 05 niveaux agro-écologiques et la noix de palme pousse pratiquement dans 05 à 06  régions. Malgré ces atouts favorables à la culture, l’offre de l’or rouge estimée à 413 000 tonnes en 2018, reste largement inférieure à la demande évaluée à 1,179 million de tonnes en 2020 selon les données rapportées par le Plan intégré d’import-substitution. « Au Cameroun, on a une capacité de transformation de 1 million de tonnes par an, pour une production qui n’avoisine même pas les 500 000 tonnes », confirme Jacquis Kemleu, secrétaire général de l’interprofession palmier à huile du Cameroun.

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C’est pour tenter d’inverser la tendance que le gouvernement dans son plan de relance, table sur un budget de 21,7 milliards de Fcfa devant appuyer le développement de la production d’huile de palme sur la période 2024-2026. L’opération sera supervisée par deux ministères à savoir : le ministère de l’Agriculture et du développement rural et celui des PME. D’après les prévisions gouvernementales, il s’agira notamment des subventions en équipements au profit de 03 agro-industries de première transformation (CDC, Socapalm, Pamol), l’objectif étant d’assurer la mise à niveau de ces dernières voire, remplacer leurs unités de transformation afin d’accroître les rendements. Dans la même veine, il est prévu l’appui à l’acquisition des équipements modernes de transformation (35 pressoirs modernes) au profit des coopératives, la régénération/réhabilitation de 5 000 hectares de plantations villageoises et celles des agro-industries ainsi que la construction de nouvelles unités d’extraction d’huile.

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Malgré ce flot de mesures structurelles annoncées, le déficit d’huile de palme n’aura pas disparu d’aussi tôt car, l’on envisage à 60 000 tonnes supplémentaires en 2026 ce, « en attendant l’entrée en production des champs régénérés et des nouvelles parcelles », prévoit le plan de relance.

Réduire les importations

Le plan de relance de la filière palmier à huile vise à long terme, la réduction des importations qui, loin de combler le gap important, permet juste d’approvisionner le marché local. En 2022 par exemple, le Cameroun a dû importer 143 000 tonnes d’huile de palme contre 200 000 tonnes en 2023. Pour cause, « avec la production locale disponible, aucune entreprise ne travaille à plus de 50%. Ce qui est quand même grave sur le plan économique », déplore Jacquis Kemleu. Pourtant, faire recours aux importations n’est pas une activité aisée. « Importer est très difficile. Il faut trouver celui qui va vous fournir, il faut avoir au port des centres pour dépoter, il faut avoir la capacité de transférer du port vers d’autres unités et pouvoir stocker, etc. », énumère la même source.

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Lueur d’espoir

En dépit des problèmes structurels existants, l’avenir de la filière s’annonce amélioré avec le récent engagement du secteur privé. En effet, en décembre 2023, l’Organisation interprofessionnelle de la filière palmier à huile du Cameroun (Interpalm-Cam)  a vu le jour. « Il est né au Cameroun, la toute première interprofession qui réunit en son sein, les planteurs, les planteurs industriels et les industriels de la deuxième transformation. Ça veut dire que c’est la chaîne de valeur qui est en train de vouloir se mettre ensemble pour pouvoir adresser la question de la disponibilité de la matière première qui est en même temps le produit fini que nous appelons huile de palme brute », fait savoir l’interprofession. Du reste, l’aménagement des voix d’accès dans les zones de production et de transformation, la disponibilité de l’énergie électrique et de l’eau, sont d’autres défis que le gouvernement doit relever pour asseoir la politique de la relance dont les résultats sont impatiemment attendus.

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