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Covid-19 : les compagnies de transport interurbain en perte de vitesse

La gare routière de Mvan, à Yaoundé, vit depuis quelques semaines au ralenti, à cause des mesures restrictives prises par le gouvernement dans le but de contrer la propagation du coronavirus.

L’usager qui arrive ce mercredi 15 avril au lieu-dit « Gare routière de Mvan », à Yaoundé, est surpris par l’ambiance de ce lieu généralement très bruyant. Voies routières libres, fluidité dans les halls des agences de voyage, quasi-absence de vrombissements de véhicules, aucun vacarme des commerçants, convoyeurs ou chargeurs. Le temps semble avoir suspendu son vol dans cette partie de la capitale qui compte pas moins de 30 agences de transport interurbain. C’est en tout cas l’atmosphère qui règne en ces lieux depuis la survenue de la pandémie du Covid-19 au Cameroun, nous apprennent les habitués.

Dans quelques compagnies sillonnées, tout semble à l’arrêt. « Nous n’avons presque pas d’activité. A cause du confinement, très peu de personnes voyagent. Néanmoins pour celles qui nous sollicitent, nous les obligeons à respecter les mesures gouvernementales à savoir se désinfecter les mains à l’aide des solutions hydro-alcooliques, de l’eau et du savon. On prend également des températures grâce aux thermos flash, tout comme nous désinfectons les véhicules et réduisons les effectifs », renseigne un steward de l’agence Finexs Voyages.

A Général Voyages, c’est quasiment le même constat. Pas de longues files d’attente devant les guichets. Ici, les clients se comptent au bout des doigts. « Tout est visible. Rien ne tourne.  Ce n’est plus à expliquer, faites le constat vous-même », se désole une hôtesse.

La réduction des effectifs dans les véhicules semble tout de même poser problème à la plupart des transporteurs de cette gare. La plupart des responsables déplorent le manque d’accompagnement de l’Etat. « Nous avons des véhicules de 30 places qui vont déjà à 19 places, des véhicules de 18 qui vont à 11 places, ceux de 22 places qui vont à 14 places. Alors nous éprouvons vraiment de la peine puisqu’on croyait que l’Etat en demandant de diminuer les effectifs dans les véhicules allait baisser le prix du carburant. Mais rien. Nous avons saisi notre Syndicat afin qu’il soumette cette doléance au ministre des Transports. Nous attendons le retour », déclare Lucien Akono, chef d’agence de Butrans Voyages, qui dessert Lolodorf Eseka à partir de Yaoundé.

Il révèle que depuis le début de la pandémie du Coronavirus, Butrans voyages connait des difficultés : « nous avons revu à la hausse les tarifs. Avant, le ticket coûtait 1 500 FCFA, aujourd’hui, c’est 2 000 FCFA. Mais jusque-là, ce n’est pas facile, c’est dur. Ce que nous voulons c’est que Dieu nous accorde la grâce de vaincre cette pandémie ».

Dans cette agence, on s’achemine inexorablement vers la réduction des effectifs « Si ça continue à cette allure, nous allons appliquer le congé technique pour certains. Butrans voyages Yaoundé emploie une vingtaine de personnes constituées de chauffeurs, chargeurs etc. Toute la chaîne de 4 agences emploie une cinquantaine. Notre économie a totalement baissé. Comment allons-nous faire se lamente le chef d’agence.

Non loin de là, Iréné Ntsama, chargeur depuis près de deux ans, relève « cette crise m’embarrasse. Je ne sais pas quelle sera ma situation dans un mois puisqu’il n’y a pas de travail ». Parlant de l’incidence économique, la majorité des responsables d’agence récusent toute polémique. « Je ne me suis pas préparé pour livrer les données chiffrées sur les pertes ou alors les recettes du mois de Mars, février et Janvier, puisque vous m’avez surpris. Sinon nous ressentons des pertes puisque nous avons des difficultés de paiement », indique l’un d’eux.

Tout à côté, une autre catégorie paie le prix de cette crise sanitaire. Ce sont les petits commerçants. Caroline Nganzi, vendeuse de confiserie, se mord les doigts « Si les agences ne fonctionnent pas, je vais vendre quoi. Nos recettes dépendent fortement des activités des transporteurs, puisqu’ils viennent manger, se désaltérer, recharger les crédits téléphoniques, etc. », lance-t-elle indignée.

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