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Rebranding Africa Forum: Emmanuel Wafo plaide pour des solutions de financements spécifiques pour accélérer les investissements en Afrique

Le PDG de Mit Chimie, qui a pris la parole à l’ouverture de la 9e édition du Rebranding Africa Forum à Bruxelles, estime que l’Afrique est un vaste chantier qui mérite beaucoup plus de financement pour son développement. Synthèse de son discours devant un parterre de personnalités de la finance mondiale.

La 9e édition du Rebranding Africa Forum (RAF) s’est ouverte le 20 octobre, à Bruxelles (Belgique), sur le thème « Les systèmes financiers africains en mutation, concilier authenticité et modernité : les chemins de l’inclusion financière ». Parmi les Camerounais présents à cet événement devenu un cadre majeur de concertation et d’échange sur l’immense potentiel du continent africain, l’industriel Emmanuel Wafo a fait, devant un parterre important de personnalités de la finance mondiale, un exposé sur l’épineuse question du financement des économies africaines. Le PDG de Mit Chimie, une entreprise spécialisée dans la distribution et le négoce de produits chimiques et matières plastiques, se représente en effet l’Afrique comme « un vaste chantier qui mérite beaucoup plus de financement pour son développement ». Illustration : « au Cameroun seulement, le ministère en charge de l’Economie a identifié cette année des projets de près de 90.000 milliards Fcfa dans le cadre de sa Stratégie nationale de développement 2020-2030 ».

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Il trouve qu’il y a du grain à moudre en termes de financement, notamment pour les entreprises africaines en général et les PME en général. « Je ne cacherai pas que nous sommes aussi venus ici [au RAF 2023, NDLR] pour rechercher des partenariats, des solutions de financements spécifiques pour accélérer nos investissements avec une ambition continentale ». Au Cameroun comme dans la plupart des pays d’Afrique au Sud du Sahara, les PME constituent l’essentiel du tissu économique. Cependant, cette place importante contraste avec leur performance économique. En effet, environs 98,5% des entreprises privées évoluant au Cameroun sont des PME, qui offrent par ailleurs près de 62% des emplois permanents. Seulement, on observe qu’elles n’apportent que 31% du chiffre d’affaires annuel hors taxe de l’ensemble des entreprises, soit 36% du Pib. Cette contreperformance, souligne Emmanuel Wafo, exprime entre autres une insuffisance de la capacité productive des acteurs. « Les études sur le sujet pointent du doigt les difficultés d’accès au financement. En effet, 40% des PME camerounaises présentent la difficulté d’accès au financement comme principale obstacle à leur développement. Ce qui se traduit par une forte mortalité précoce de celles-ci. Environ 60% d’entre elles mettent la clé sous le paillasson avant l’âge de 5 ans. Les principaux obstacles sont liés aux conditions de crédit. Il apparait que l’essentiel du financement, soit 80% des montants mobilisés, provient de l’épargne personnel des entrepreneurs et du soutien de leurs familles et proches. Il est également démontré que ce type de financement reste très utilisés dans les phases de démarrage d’activité ».

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Cet entrepreneur cite, par exemple, un récent rapport de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), qui montre que la part de crédit à l’économie consacrée aux PME par les banques classiques reste très faible : moins de 16%. « Quand bien même les PME bénéficient de crédits bancaires, regrette-t-il, ceux-ci sont majoritairement à court terme, soit 62% contre 36% à moyen terme et 2% à long terme. Ces chiffres montrent à suffisance que les PME camerounaises ne disposent pas de leviers de développement de leur activité.

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Au sujet des conditions de ces crédits, les garanties demandées ainsi que les taux pratiqués sont de véritables barrières pour les petites PME ». Dans les faits, le crédit à court terme tourne autour de 12% au cours des 3 dernières années contre 14% pour le crédit à moyen terme et 10% pour le crédit à long terme. « Ces taux d’intérêt peuvent s’avérer rédhibitoires pour des PME en phase de lancement. Dans le même sens, les actifs souvent exigés en guise de garantie pour l’accès à ces crédits constituent également un obstacle infranchissable pour des jeunes entrepreneurs qui ont consacré leur épargne personnelle au lancement de leur activité », note Emmanuel Wafo

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