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Coronavirus: les banques étrangères mieux armées

Peu disposées à accorder des crédits, elles accumulent la majorité de la liquidité du système bancaire de la Cemac, qu’on dit en surliquidité

Face à la crise du Coronavirus, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a choisi de prendre du recul. Dans un communiqué publié le 24 mars dernier, la banque centrale informe qu’elle « n’interviendra pas sur le marché monétaire au titre de son opération principale sur la période du 26 mars au 6 avril ». Objectif : « mieux apprécier les effets de la crise sanitaire actuelle liée à la pandémie du Covid-19 sur la liquidité du système bancaire de la Cemac ».

Concrètement, l’institution d’émission de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac) renonce à injecter ou à retirer de la liquidité du système bancaire pour observer l’effet que le ralentissement de l’activité dans le monde du fait de la pandémie de Coronavirus aura sur les réserves libres (ou réserves excédentaires) des banques. Il s’agit des sommes d’argent détenues en trop par les banques en activité dans la sous-région dans leurs comptes courants à la Beac. Selon une source au Fonds monétaire international (FMI), les réserves libres s’élèvent à près de 2000 milliards de FCFA à la fin du mois de février 2020.

Dans les milieux financiers, on indique les réserves excédentaires donnent plus de flexibilité dans la gestion de transactions journalières à l’exemple des placements sur le marché interbancaire. Mais le FMI estime que leur volume est trop important et constitue une liquidité oisive. Sur les conseils de l’institution de Bretton Woods, la banque centrale a même décidé en février 2020 de lancer une opération de réduction de la liquidité dans le système bancaire pour « mieux contenir les risques pesant sur la stabilité monétaire ».

Fortunes diverses

Mais comme l’indique la banque centrale, l’excès de liquidités est « largement détenues par des banques étrangères qui suivent des politiques de crédit très prudentes ». En effet, au premier trimestre 2019, sur les 33 banques qui avaient des réserves excédentaires, 26 sont des filiales des groupes bancaires étrangers. Dans le top 10 des établissements de crédit les plus liquides, on compte huit banques étrangères. Par contre, sur les 20 banques locales que compte la Cemac, seules deux pouvaient être considérées comme en surliquidité et neuf étaient carrément en déficit dont deux établissements de crédit présentant chacun des besoins de liquidité approchant les 120 milliards de FCFA.

Selon le FMI, parmi les établissements de crédit locaux en proie à des difficultés de liquidité, l’on compte même trois banques d’importance systémique (c’est-à-dire dont la faillite peut embrasser tout le système bancaire de la Cemac). L’institution de Bretton Woods ne dévoile pas leurs identités. Mais en s’appuyant sur la liste des établissements de crédit d’importances systémiques dans la zone Cemac, publiée par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), on peut circonscrire la recherche à cinq banques : CCEI Bank Guinée Équatoriale, Commercial Bank Tchad, BGFIBank Congo, BGFI Bank Gabon et Afriland First Bank.

En l’état actuel de situation, à l’exception de deux banques locales en possession chacune de réserve libre tournant autour de 130 milliards de FCFA, ce sont les filiales de groupe bancaires étrangers qui sont les mieux à même de soutenir l’économie comme l’a recommandé l’Association des professionnels des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam) dans un communiqué publié 20 mars.

Alors que l’appel à la prudence de la Cobac interpelle davantage les banques locales. Surtout que pour le régulateur, les effets du Coronavirus « pourraient dégrader significativement l’adéquation des fonds propres et la liquidité des établissements de crédit ».

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