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La RD Congo ambitionne d’investir plus de 4 100 milliards FCFA dans l’agriculture sur 10 ans

Au cours du « DRC Agribusiness Forum », organisé du 4 au 5 octobre 2023 à Kinshasa, à l’initiative du pays hôte, avec le concours de la Banque africaine de développement (BAD), les autorités publiques ont réaffirmé leur dessein d’exploiter le potentiel agricole de la nation la plus vaste d’Afrique subsaharienne, pour devenir le grenier de tout le continent.

6,6 milliards de dollars US, soit 4 103 milliards FCfa. C’est l’enveloppe que la République démocratique du Congo (RD Congo ou RDC) ambitionne d’investir dans le développement de l’agriculture, sur une période de 10 ans. A en croire un communiqué de la BAD parvenu à Ecomatin le 15 octobre 2023, cette enveloppe, dont on ignore encore les moyens à mettre en œuvre pour la mobilisation, a été révélée au cours du « DRC Agribusiness Forum ». Cet évènement organisé par la RD Congo, avec le concours de l’institution financière panafricaine, a réuni plus de 700 participants venus de 28 pays, les 4 et 5 octobre dernier à Kinshasa, la capitale. Cet investissement projeté, selon les autorités congolaises, vise à faire du pays la mamelle nourricière de l’Afrique, à réaliser le pari de « la revanche du sol sur le sous-sol », si cher au président Félix Tshisekedi, indique la BAD.

« Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables, ses quatre millions d’hectares de terres irrigables, sa diversité climatique permettant une exploitation agricole toute l’année, ses 7 à 8% d’eau douce exploitable du monde, ses pâturages d’environ 125 millions d’hectares ayant une capacité de charge de 40 millions de têtes de gros bétail, l’importance de sa population, notamment jeune et féminine, la RD Congo a les moyens indéniables d’être le grenier de l’Afrique, l’épicentre de l’industrie agricole continentale, et également un vivier de prospérité », soutient Solomane Koné, directeur général adjoint de la BAD pour l’Afrique centrale et responsale pays de la RD Congo. Afin de réaliser ses ambitions pour le développement de l’agriculture, la RD Congo compte notamment sur des partenaires financiers tels que la BAD, dont les cinq grandes priorités ces dernières années se résument à « éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique, et améliorer la qualité de vie des Africains ».

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C’est à ce titre que, par exemple, « à la demande de la RD Congo, la Banque africaine de développement consacrera la totalité des allocations disponibles du pays, au cours du cycle du FAD-16 en 2023-2025, au soutien des opérations d’appui au programme de transformation de l’agriculture, qui constitue l’épine dorsale du Document de stratégie pays de la banque pour la RDC ces cinq prochaines années », a révélé au cours du forum l’Ivoiro-canadien Serge N’Guessan, le directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale. Les financements qui seront ainsi mis à la disposition du gouvernement congolais par la BAD, de même que les ressources supplémentaires à mobiliser pour financer l’ambition agricole réaffirmée les 4 et 5 octobre 2023 à Kinshasa, seront adossés au Programme de transformation agricole de la RD Congo, objet du Pacte pour l’alimentation et l’agriculture. Ce pacte a été conclu lors du sommet sur la souveraineté alimentaire et la résilience, tenu en janvier 2023 à Dakar, à l’initiative du gouvernement du Sénégal et de la BAD.

Des minerais à profusion

A nouveau présenté lors du « DRC Agribusiness Forum », ce pacte, selon le document consulté par Ecomatin, « cible au moins 4 910 000 ménages agricoles, soit 30% des ménages agricoles de la RDC, qu’il faut impliquer directement dans l’accroissement des rendements, de la production et du développement des chaînes de valeur sur une période de dix ans ». Sur la période indiquée, informe le document, il est question de pratiquement tripler les rendements dans la production du manioc, de manière à atteindre un volume de production de 718 millions de tonnes. Il en est de même pour des céréales telles que le maïs et le riz, ou encore des produits tels que la noix de palme, dont les productions respectives sont attendues à 41 millions, 25 millions et 92 millions de tonnes dans 10 ans. De même, la production du haricot est annoncée à 4,4 millions de tonnes, celle du soja à 430 000 tonnes, contre 9,3 millions de tonnes pour le poisson.

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En attendant que ce rêve agricole se réalise, la RD Congo reste davantage connue dans le monde comme une catastrophe géologique. Son territoire, d’une superficie équivalente à celle de l’Europe occidentale, selon une estimation de la Banque mondiale, abrite des « ressources naturelles exceptionnelles, notamment des gisements de minerais (cobalt, cuivre, diamant, etc.) ». Autant de richesses qui ne profitent cependant pas à la plupart des habitants du pays. En effet, prise en tenaille par une longue succession de conflits, d’instabilité, de troubles politiques et de dictature pendant de nombreuses années, « la RDC est l’une des cinq nations les plus pauvres du monde. En 2022, environ 62 % de la population du pays -soit 60 millions de personnes -vivait avec moins de 2,15 dollars par jour. Ainsi, près d’une personne sur six en situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC », souligne la Banque mondiale.

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