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Route Ntui – Ndjolé : pourquoi le Cameroun suspend les activités du chinois China Railway 20

La survenue d’un accident mortel et la suspension arbitraire des personnels sont entre autres motifs qui ont conduit les pouvoirs publics camerounais à sanctionner cette entreprise chinoise.

Au Cameroun, le chinois China Railway 20 Bureau Group Corporation (CR20) souffle le chaud et le froid. Les autorités locales ont en effet décidé de suspendre les activités de cette filiale du groupe China Railway Construction Corporation (Crcc) sur le chantier de construction de la route nationale N°15, reliant les localités de Ntui et Ndjolé dans la région du Centre. La mesure prise par le ministre camerounais des Travaux publics (Mintp) a été officiellement annoncée au cours de la revue du projet, effectuée le 19 avril dernier à Yaoundé.

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Evolution contrastée des travaux

Bien qu’il apprécie le taux d’avancement physique des travaux sur ce linéaire de 60 km, Emmanuel Nganou Djoumessi, le maître d’ouvrage de ce chantier routier, dénonce notamment une évolution contrastée des travaux sur le terrain avec un climat délétère entre l’entreprise et son personnel. Le constat est fait sur la base des rapports effectués par le groupement Cira S.A, l’entreprise chargée de contrôler les travaux sur le chantier. D’après le membre du gouvernement, China Railway 20 Bureau Group Corporation ne respecte pas toujours les normes prescrites dans le plan de gestion environnementale et sociale du projet. Ainsi, apprend-on, les travaux formellement suspendus sur le terrain affichent à date un taux d’exécution estimé à 58% avec 69,2% de travaux de chaussée et 79,62% de travaux de drainage, assainissement et protections réalisés le long de l’itinéraire principal. « Seuls les travaux relatifs au maintien de la circulation au niveau des routes communales et à la protection des travaux déjà exécutés sur la route nationale N°15 justifient les instructions formulées par le ministre des Travaux Publics à l’endroit de l’entreprise et qui se résument au recrutement d’un expert en question sécuritaires sur le chantier et à la contractualisation sans délais de tout le personnel », explique une source au ministère.

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Décès et licenciements abusifs

Toutefois, avant la décision du gouvernement camerounais, l’entreprise CR20 a été notifiée de la décision de son Partenaire technique et financier de suspendre les décaissements et de faire suspendre les travaux pour « non-respect des obligations et prescriptions environnementales et sociales » le 18 Avril 2024. « Cette notification fait suite à un accident mortel survenu il y a quelques semaines, des licenciements abusifs des personnels et des non-conformités environnementales enregistrées », martèle le Mintp. Les travaux de ce chantier sont conjointement financés par l’Etat du Cameroun, la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (Bdeac).

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Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que CR20 rencontre des difficultés sur ce chantier routier. Sur le tronçon Ndjolé-Mankim, le chinois a vu son contrat résilié en 2023 au profit de son concitoyenne Sinohydro. Dans sa globalité, le projet vise à construire pour un coût de 29,7 milliards de Fcfa, 60 km de route bitumeux comprenant une couche de fondation de 30cm en grave latéritique ; une couche de base de 20cm en grave concassé et une couche de roulement de 5cm en béton bitumineux et des accotements. A ces travaux de chaussée, s’ajoutent la construction de 292 passages d’ouvrages hydrauliques et un ouvrage d’art de 80 mètre linéaire, des travaux connexes sur les tronçons communaux que sont : Salakounou – Mbongue (4,1km) ; Ossombé – Bianguélé (9,5km) ; Ndimi – Ndalena (18,1km) ; Yalongo-Bikong (13,2km) ; Kombébengué – Meloko (10km) ; Nguila – Yopcka (6,7km) et Issandja – Mimfoumbé (10,4km). Le projet fait partie du Programme d’appui au secteur des Transports phase1, intitulé Travaux d’aménagement de la route Batchenga – Ntui – Mankim – Yoko – lena, sur la nationale N°15.

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