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Transport maritime : sous la menace de sanctions internationales, le Cameroun suspend les immatriculations d’engins flottants

Cette mesure qui va durer six mois éventuellement renouvelables, va permettre aux pouvoirs publics de réaliser un recensement des engins opérant sous pavillon camerounais afin de procéder à la numérisation du registre des immatriculations.

Le 14 mars dernier, l’Organisation maritime internationale (OMI) a exprimé ses inquiétudes concernant l’activité de certains navires sous pavillon camerounais, qu’elle soupçonne de faire partie de la flotte de « navires fantômes » facilitant l’exportation du pétrole russe, en violation des sanctions internationales prises à l’encontre du pays de Vladimir Poutine, suite à la guerre qui a cours en Ukraine. Sous la menace d’éventuelles sanctions au plan international, Yaoundé a entrepris la mise en œuvre d’un certain nombre de réformes visant à redorer son image auprès de l’OMI.

Le 22 avril en effet, le ministre des Transports a annoncé la suspension des procédures d’immatriculation des engins flottants effectuant leur navigation hors des eaux camerounaises. La décision prise par Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe et qui est aussitôt entrée en vigueur, va durer 6 mois, éventuellement renouvelables « le cas échéant ». Ainsi, cette mesure vise à répondre aux craintes formulées par l’OMI. « En suspendant temporairement les procédures d’immatriculation des engins navigant hors des eaux camerounaises, le gouvernement démontre sa volonté de coopérer avec les instances internationales pour remédier à cette situation préoccupante et dissiper tout soupçon qui pèserait sur l’Etat », explique un fonctionnaire du ministère des Transports. Selon ce dernier, il s’agit là d’une étape cruciale dans les efforts du pays pour regagner la confiance de l’OMI et de la communauté internationale. Le Cameroun y a tout intérêt. Selon l’agence américaine d’informations économiques Bloomberg, sur 14 pétroliers battant pavillon camerounais au cours de l’année 2023, 11 pouvaient être retracés vers des ports pétroliers russes. En janvier dernier, le pays a été identifié comme un refuge pour ces navires qui ne respectent pas les réglementations internationales et les meilleures pratiques.

Lire aussi : Les navires camerounais interdits d’accoster dans les ports des Émirats arabes unis

Le gouvernement des Emirats Arabes Unis a même interdit les navires sous pavillon camerounais d’accéder à ses eaux et ses ports. « Le ministère de l’Énergie et des Infrastructures, chargé de réglementer les opérations des navires étrangers dans les eaux et les ports des Émirats arabes unis, (…) a décidé d’inclure les navires enregistrés sous l’Etat du pavillon de « République du Cameroun » à la liste existante des navires de l’État du pavillon restreint faisant escale dans les eaux et les ports des Emirats Arabes Unis, à moins qu’ils ne soient classés par un membre de la classe IACS (Association internationale des sociétés de classification) ou par la Société de classification des Emirats-Tasneef », ont prévenu les autorités émiraties.

Actuellement, plus de 200 navires immatriculés au Cameroun battent pavillon camerounais sur les eaux internationales, conformément à la législation maritime camerounaise. En attendant l’intégration au système mondial intégré de renseignements maritimes, il est recommandé que des informations régulières sur les navires en infraction soient fournies au pays.

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