Asecna : les implications possibles du limogeage d’Erick Francis Ngoune Sonna

Arrivé à la tête de la représentation de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) auprès de la République du Cameroun le 16 août 2022, Erick Francis Ngoune Sonna a été limogé pour malversations financières le 15 mars dernier et remplacé au pied levé par un de ses collaborateurs, Théodore Tchuisseu, en l’occurrence, en qualité d’intérimaire. Il est reproché à sieur Ngoune Sonna d’avoir procédé à l’acquisition en HT/HD (hors taxes/hors droits), et au nom de l’Asecna, de 25 tonnes de marchandises ci-dessus : 42 postes téléviseurs, 40 climatiseurs, 40 portes serviettes, 40 robinets de lave main, 40 portes papiers, 40 colonnes de douche, 40 WC, 06 urinoirs, plus de 2000 mètre- carré de carreaux, etc. Ces équipements ont été acquis à des fins privées aux frais de la structure en violation flagrante d’une décision de la direction générale de l’Asecna datant du 02 août 2019, qui régit la composition de l’ameublement des résidences de fonction pour les responsables. Ils pourraient être destinés à l’équipement d’un établissement hôtelier.

Or, conformément à ladite décision, le 07 août 2023, la direction financière a mis à la disposition du représentant de l’Asecna auprès de la République du Cameroun, une somme de près 19 millions Fcfa pour l’ameublement de sa résidence, souligne le directeur général de l’Asecna, le Nigérien Mohamed Moussa, qui a fait part de cette « situation malheureuse » au gouvernement du Cameroun. Il a en effet saisi les ministres camerounais des Relations extérieures et des Transports à la suite de la révélation de ce scandale pour leur en signifier la gravité. Et aussi pour leur traduire le caractère urgent des mesures conservatoires prises par l’Asecna pour « préserver sa notoriété et son image de marque ».

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A l’évidence, ce dossier empoisonne la fin de mandat du Nigérien, et fait assurément tache sur la prochaine candidature du Cameroun à la direction générale de l’Asecna, à quelques mois de l’élection prévue théoriquement en septembre prochain. Le pays avait déjà échoué à faire élire Engelbert Zoa Etundi en 2020, faute d’un consensus des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) autour d’une seule candidature. La sous-région avait présenté deux dossiers (le deuxième était celui du Centrafricain Théodore Jousso), avant de se désister à la dernière minute pour apporter son soutien à Mohamed Moussa qui visait un deuxième et dernier mandat de quatre ans.

Le nouveau représentant par intérim, Théodore Tchuisseu, qui était jusque-là cadre supérieur recherche et développement communication, navigation et surveillance (CNS) à la direction de l’exploitation de la navigation aérienne, est en opération restauration de l’image du Cameroun fortement écornée par l’affaire Ngoune Sonna qui va sans doute atterrir en justice. Diplômé d’Enseignement supérieur de la gestion des finances et de l’administration (Ensup Afrique) de Dakar (Sénégal), il a été chef bureau circulation aérienne de l’aéroport international de Douala, puis inspecteur et auditeur national de sûreté de l’aviation civile, entre autres fonctions occupées à l’Autorité aéronautique du Cameroun, avant d’intégrer, en 2010, l’Asecna où il a gravi tous les échelons.

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Par ailleurs titulaire d’un master 2 transport logistique obtenu en 2020, ce licencié en biochimie de l’ex Université de Yaoundé (1988 – 1991) est membre du réseau panafricain d’entrepreneurs Tosangana Africa et de l’Association des ingénieurs de l’aviation civile. Théodore Tchuisseu qui va désormais défendre les intérêts du Cameroun à l’Asecna qui compte 17 Etats membres dont un non africain, à savoir la France. Arrivée en sapeur-pompier, il va devoir s’atteler sur le court terme les erreurs managériales de son compatriote et restaurer l’orthodoxie dans la gestion financière de l’Asecna. Sa confirmation éventuelle au poste de représentant de cette institution dépend certainement de sa gestion de ce dossier chaud.