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Energie électrique : le plaidoyer du Minee devant le secteur privé

Au cours de sa rencontre avec le secteur privé le 22 juillet 2021, Gaston Eloundou Essomba propose aux entreprises une migration vers l'utilisation des chaudières et fours électriques dans leurs activités de production. Ce qui implique une augmentation de la demande industrielle de 430 MW.

L’atelier visait à explorer les voies et moyens pour une maîtrise des charges du combustible pouvant aboutir à un meilleur dispatch technique et économique du courant électrique. La rencontre avec le secteur privé avait par ailleurs pour finalité de solliciter une implication de ces derniers au rétablissement de l’équilibre financier au sein du secteur de l’énergie. Dans le cadre de ses travaux tarifaires de l’exercice 2021, l’Arsel a émis des préoccupations relatives aux charges de combustible utilisé pour le fonctionnement des centrales thermiques.

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Il ressort ainsi du rapport diagnostic y relatif une augmentation du coût du HFO (Heavy Fuel Oil), la faible disponibilité du barrage de Lagdo, de la centrale de Memve’ele, la persistance des contraintes de congestion du réseau de transport de Dibamba et Limbe, ayant un impact sur le tarif de l’électricité et dans la compensation tarifaire de l’État. D’après le Directeur général de l’Arsel, les charges de combustible se sont élevées en 2020 à 40 milliards de FCFA. Les projections de 2021 tablent sur 82 milliards de FCFA de dépenses de combustibles pour le fonctionnement des centrales thermiques qui alimentent les Réseaux interconnectés Nord, Sud et Est. «L’ensemble des difficultés dans les réseaux interconnectés a pour conséquence non seulement la perturbation de la fourniture électrique mais aussi l’augmentation de certaines charges du secteur, notamment celle liée à l’achat du combustible dédié au fonctionnement des centrales thermiques. En effet, le Chef de l’État a ordonné un déblocage de 4 milliards de FCFA par mois au titre du soutien de l’État pour l’achat du combustible», a indiqué Gaston Eloundou Essomba.

Coût élevé du combustible

L’atelier de Douala a ainsi permis d’identifier les actions concrètes relevant des compétences respectives des acteurs dont la mise en œuvre permettra l’optimisation du dispatch, de trouver les modalités pour un effacement programmé des clients industriels HT et MT spéciaux, de susciter à moyen terme un accroissement de la demande industrielle compte tenu du surplus des capacités d’offre de production et de transport suite à l’aboutissement de plusieurs projets dans le secteur, indique-t-on à l’Arsel. Si les promoteurs des entreprises du secteur privé saluent la démarche du Ministre de l’eau et de l’énergie et des opérateurs du secteur de l’énergie, ces derniers dénoncent «la qualité, la quantité et le coût de l’énergie électrique au Cameroun». Célestin Tawamba, le Président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), les entreprises camerounaises sont obligées de subir les surcoûts d’une offre catastrophique de l’énergie électrique: groupes électrogènes, énergie solaire ou thermique. Les statistiques d’Eneo, datant de juin 2021, révèlent que la consommation moyenne de l’énergie électrique des industries s’est située autour de 2TWH annuellement, entre 2014 et 2020. Alors que la production nationale d’électricité est sans cesse croissante sur la même période.

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«Aussi afin de réduire la charge du combustible, l’État a entrepris de réaliser des investissements dans le domaine de la production et du transport à l’instar des aménagements hydroélectriques de Memve’ele, de Nachtigal, de l’interconnexion des réseaux Sud et Est, le bouclage des grandes métropoles, l’augmentation des capacités de transformation dans le réseau de transport», ajoute le Ministre de l’eau et de l’énergie. L’atelier de Douala s’est soldé par des recommandations portant sur l’ajustement des activités de certains clients industriels HT et MT spéciaux at la pointe, sur des actions permettant aux industries d’opérer une migration des appareils thermiques fonctionnant au combustible. Le secteur privé a également été appelé à saisir les opportunités d’investissement dans le secteur de l’énergie.

Les entreprises appelées à participer à l’équilibre financier du secteur

Face aux difficultés de production, transport et distribution de l’énergie électrique au Cameroun, le gouvernement du Cameroun a décidé de mettre à contribution le secteur privé. Sont particulièrement visés, les entreprises Haute tension, Moyenne tension, les grands comptes et les clients spéciaux d’Eneo, l’entreprise de production et de distribution de l’énergie électrique au Cameroun. Le Ministre de l’eau et de l’énergie propose aux entreprises d’opérer une migration des appareils thermiques fonctionnant au combustible (chaudière, four, séchoir), actuellement utilisés, vers des appareils électriques. Plus précisément, le secteur privé doit abandonner les chaudières thermiques pour les chaudières électriques. Il s’agit concrètement d’après l’État du Cameroun, de mettre à la disposition de la production énergétique nationale 455 MW autoproduits par les entreprises au profit des entreprises du Réseau interconnectés sud (Centre, Littoral, Sud-ouest, Nord-ouest, Ouest, Sud).

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La puissance en milieu industriel en termes d’équipements thermiques se situe en effet à 455 MW. Ces dernières utilisent également 120 MW de puissance électrique auprès d’Eneo, 100 MW de puissance installée issue des groupes électrogènes. «Le système électrique de notre pays fait face depuis quelques années à des difficultés qui impactent de manière significative la fourniture de l’énergie électrique dans les ménages et les industries. En effet, le constat général fait état de ce que ces problèmes se posent différemment sur l’ensemble du territoire selon qu’on se trouve dans l’un des trois réseaux interconnectés Nord, Sud ou Est», confirme Gaston Eloundou Essomba. Le Ministre de l’eau et de l’énergie cite parmi les problèmes structurels et conjoncturels du secteur de la production, du transport et de la distribution du courant électrique, la vétusté des équipements, la surcharge des équipements de transport et de distribution, la chute des poteaux (700.000 supports bois à remplacer en béton), les feux de brousse ou l’abattage des arbres, la mauvaise pluviométrie, l’indisponibilité des groupes et des centrales thermiques etc.

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En attendant une fourniture optimale du courant électrique à l’horizon 2023 (420 MW du barrage de Nachtigal, Memve’ele, Interconnexion des réseaux Sud et Est, 350 MW de la centrale thermique à gaz de Limbe, 1000 MW issus des barrages de Grand Eweng, 72 MW de la Menchum, 285 MW de Katsina Ala, 600 MW de Chollet, et 500 MW issus de Kikot). D’où la sollicitation du gouvernement camerounais auprès des entreprises camerounaises de grande consommation électrique: «Cette démarche consiste à solliciter des industriels de migrer vers l’utilisation des chaudières et fours électriques. Cela se traduira vers une augmentation de la demande industrielle de 430 MW au moins. Cette migration va stabiliser les charges énergétiques des industries car la majorité des chaudières fonctionnent au fioul qui est importé et donc soumis aux aléas du marché international. Le secteur privé doit s’impliquer de façon accrue au rétablissement de l’équilibre financier au sein du secteur», pense Jean Pascal Nkou, le Directeur général d’Arsel. A titre de rappel, le Ministère de l’eau et de l’énergie chiffre les besoins des segments production, transport, distribution et commercialisation du secteur de l’énergie électrique à 6000 milliards de FCFA.

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