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Exploitation illégale du bois: le coup d’épée dans l’eau d’Atanga Nji

Alors que les collusions avec les autorités administratives sont manifestes dans le secteur, le ministre de l’Administration territoriale appelle les gouverneurs, préfets et sous-préfets à engager, au besoin, des poursuites judiciaires contre les élites et chefs traditionnels impliqués dans cette pratique qui fait perdre pas moins de 100 milliards Fcfa chaque année à l’Etat.

Par correspondance datée du 21 mars dernier, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, qui dit avoir été alerté par le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo sur les collusions et indélicatesses multiformes impliquant de nombreux chefs traditionnels, élites, voire des autorités administratives dans des activités d’exploitation forestière illégale et de braconnage,  saisit les gouverneurs de région, les préfets et les sous-préfets, aux fins de veiller, dans leurs unités de commandement respectives, à la stricte application du régime des forêts et de la faune, objets de la loi n0 94/01 du 20 janvier 1994. Il les engage en conséquence à diligenter des procédures disciplinaires et/ou pénales à l’encontre des contrevenants, et à une prise en main effective des agents commis aux contrôles forestiers et fauniques. Cette sortie du Minat, quelle que soit la bonne foi dont elle peut être teintée, est un véritable coup d’épée dans l’eau, compte tenu de la puissance, voire de l’étendue des réseaux qui entretiennent cette pratique.


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Il existe bel et bien au Cameroun une politique forestière, de la faune et de la pêche, qui vise la gestion intégrée assurant de façon soutenue et durable, la conservation et l’utilisation desdites ressources et des différents écosystèmes. Mais, sur le terrain, outre les autorités administratives dont les collusions avec les réseaux d’exploitation illégale des espèces forestières et fauniques sont manifestes, les agents du ministère des Forêts et de la Faune – qui sont des officiers de police judiciaire à compétence spéciale en matière de forêt -, sont eux-mêmes impliqués, soit en tant que complices, soit en tant qu’acteurs de cette filière de bois illégal. Ces activités illicites font perdre au trésor public camerounais, pas moins de 100 milliards Fcfa chaque année, selon le Centre pour l’environnement et le développement (Ced). Dans un rapport publié en 2012, la Banque mondiale tirait la sonnette d’alarme sur la question, et appelait la justice à enquêter, identifier et réprimer ces fonds illégalement perçus. En 2016, l’Ong Greenpeace avait remonté une puissante filière de bois illégal au Cameroun, entretenue par la Compagnie de Commerce et de Transport (CCT). Avec comme principales destinations la Chine et l’Europe.

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