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Guinée Équatoriale : le plan Marshall d’Obiang Nguema pour redresser une économie en récession depuis 2015

Le président équato-guinéen vient de signer un décret qui fixe les grandes lignes de relance de l'économie du pays, plongée dans la récession depuis 2015.

Excepté en 2022 où, profitant d’une hausse exceptionnelle des cours du pétrole, le PIB de la Guinée Équatoriale a connu une croissance de 3,1%, le pays est depuis 2015 en récession économique. La tendance ne devrait pas changer en 2024 avec une croissance négative de -5,5%, projetée par le FMI en 2024, après -8,8% en 2023. Ces sombres perspectives tiennent de ce que l’économie équato-guinéenne est très fortement corrélée à la fluctuation des cours du pétrole, pourvoyeur de plus de 80% des recettes publiques.

Or, la production de l’or noir est en chute libre à cause du vieillissement des champs pétroliers. Une situation qui devrait s’aggraver dans les années à venir. Déjà en 2024, la loi de finances table sur des recettes pétrolières de 1 235,3 milliards de Fcfa, en baisse de 44% par rapport à 2022. Le FMI, lui, anticipe sur une baisse de 50% de la production de brut du pays entre 2024 et 2028. Malabo est bien conscient de la situation et de l’urgence qu’il y’a à réagir.

C’est pourquoi le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a signé le 7 février 2024, un décret établissant les « Mesures de relance économique et financière pour la viabilité de l’économie et des finances publiques en Guinée équatoriale, pour la période 2024-2028 ». Il s’agit d’un véritable Plan Marshall au travers duquel le pays compte maîtriser ses dépenses publiques, diversifier ses sources de revenus, assainir les finances publiques et relancer la croissance économique.

La niche fiscale

L’exécutif équatoguinéen met désormais un point d’honneur sur l’optimisation des recettes fiscales ; une niche qui en 2021 représentait un peu plus de 35% des recettes publiques. Malabo espère en tirer davantage et s’est doté d’un nouveau Code des impôts qui devrait entrer en vigueur cette année avec pour objectif de promouvoir le civisme fiscal. Le pays envisage à cet effet de créer un « corps spécial d’inspecteurs des impôts » afin de « garantir la transparence, le contrôle et l’efficacité du recouvrement des recettes » de la collecte des impôts. Malabo compte également alléger les procédures de l’administration fiscale en les digitalisant pour faciliter la tâche au contribuable et permettre aux pouvoirs publics d’avoir une meilleure traçabilité des recettes.

L’article 15 du décret sus évoqué prévoit par exemple « la mise en place de terminaux de gestion dans les grands centres commerciaux, afin d’améliorer le reversement des recettes au Trésor ». Concernant la fiscalité de porte, le décret présidentiel accorde au ministère des Finances, l’exclusivité des accords d’exonération sur certaines marchandises excepté celles accordées par les « traités et conventions internationaux » et celles accordés aux églises. Il sera également mis en place au cours de la période (2024-2028) un guichet unique pour le dédouanement des véhicules afin de mieux contrôler les recettes issues de ces importations.

Rationalisation des dépenses et assainissement budgétaire

Le gouvernement compte également rationaliser les dépenses non essentielles afin de maîtriser son déficit budgétaire. Trois postes sont ciblés à savoir, la réduction des charges du personnel, des frais de téléphone et bons de carburants pour l’administration et la réduction des subventions du prix du carburant. Sur ce dernier point, la loi de finances 2024 a été avant-gardiste en réduisant de 70% l’enveloppe des subventions aux prix des carburants à la pompe. Le gouvernement n’a pas indiqué l’incidence que cette baisse de la subvention pétrolière aura sur les prix intérieurs ; mais pour les équato-guinéens, il n’est pas exclu d’envisager une hausse des prix à la pompe dans les prochains jours. A 495 Fcfa le super, 470 Fcfa le gasoil et 5000 Fcfa la bouteille de 12,5 kg de gaz domestique, les prix des hydrocarbures sont néanmoins les moins coûteux de la Cemac.

Toujours dans l’optique de maîtriser ses dépenses, le gouvernement prévoir réduire sa contribution auprès de certaines organisations internationales « dont la contrepartie pour l’État n’est pas démontrée ». Également, l’exécutif a demandé au gouvernement d’accélérer son désengagement de certaines entités publiques jugées budgétivores. Le processus est amorcé depuis 2022 avec la privatisation du terminal aéroportuaire de Malabo et des ports nationaux (Bata, Malabo et Luba). Il est notamment attendu que le gouvernement rende publique une étude diagnostique des entreprises relevant du portefeuille de l’Etat « afin de déterminer dans un délai maximum de 6 mois leur privatisation, leur mise en concession, leur restructuration ou la liquidation de celles qui ne sont pas rentables ».

Stimuler la croissance et tordre le cou à la corruption

Pour stimuler une croissance intérieure par le biais de la production, le décret présidentiel annonce la création imminente de zones économiques spéciales « afin d’accélérer l’industrialisation et le développement des entreprises ». Le gouvernement créera également un fonds souverain dont l’objectif sera d’accompagner et de faciliter la diversification économique et conduire l’action d’investissement de l’État à l’intérieur et l’extérieur du pays.

Pour tordre le cou à la corruption, véritable fléau qui ponctionne les ressources publiques, le gouvernement rendra opérationnelle la commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption ; améliorera les pouvoirs de l’Agence nationale d’Investigation financière (ANIF) et soumettra l’adhésion du pays à l’ITIE afin d’instaurer une transparence dans la gestion des ressources énergétiques et minières.

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