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Politique économique : vers la fin des importations à tout va

Le gouvernement envisage une modification de la fiscalité appliquée à certains produits pour favoriser la production locale. La dépense fiscale due aux exonérations devrait entraîner un manque à gagner de 149,5 milliards de FCFA cette année.

1548 milliards de FCFA. C’est le montant du déficit commercial que le Cameroun a enregistré en 2019, selon le ministère des Finances. Ce déficit était de 574 milliards de FCFA en 2010. Cette situation qui a conduit à l’amenuisement des réserves en devises du pays est due à l’exécution des projets structurants. Mais elle est surtout favorisée par la consommation finale des entreprises, des administrations et des ménages en biens courants.

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Pour inverser la tendance,  le gouvernement envisage la constitution d’un fonds spécial destiné au financement de la promotion et au développement des filières des légumineuses et des féculents. Selon du Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2021-2023), ce fonds serait alimenté par les droits et taxes de douane résultant de la ré-fiscalisation progressive de ces produits. Il pourrait faire l’objet soit d’un compte d’affectation spécial géré par un Office national des légumineuses et des féculents qui sera créé, soit être affecté au budget des ministères chargés du développement de ces cultures. Il est également envisagé un plafonnement des financements bancaires afférents aux importations de certains biens (maïs, soja, riz, etc.) ; la création d’un Office national de développement des filières des légumineuses et des féculents ; l’élaboration d’une fiscalité spécifique pour la promotion de l’agriculture ; l’obligation d’incorporer un certain pourcentage des produits locaux dans la production de certains biens. Il devrait ainsi être demandé aux boulangers d’incorporer un certain pourcentage de produits locaux de substitution (farine de patate, de manioc, de maïs) dans le pain ; l’institution des contingentements à l’importation.

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Consommons camerounais

D’une manière spécifique, le ministère des Finances prévoit une révision de la politique de taxation de certains biens dans la perspective soit de décourager progressivement leur importation, soit de favoriser leur transformation locale avant exportation, soit de limiter leur forte consommation en raison de leurs conséquences néfastes sur la santé et l’environnement, soit d’accroître les ressources autonomes d’accompagnement de la décentralisation et de la Couverture Santé Universelle. A cet égard, il est envisagé un relèvement du taux du droit d’accises spécial destiné aux collectivités territoriales décentralisées pour le financement des activités de traitement des ordures; la suppression du taux réduit du droit de douane de 5 % et de l’exonération de la TVA prévus par la loi de finances de l’exercice 2007 pour le maïs et le soja (hausse du droit de douane de 5% à 30% sur les tourteaux de soja); un ajustement du taux du droit de douane de 5 % à 10 % pour le riz et le poisson, et de 0 % à 5 % pour le blé, le réajustement du droit de sortie sur le bois exporté en grume pour le porter de 35 % à 50 % ; une restauration de la TVA sur le butane liquéfié.

Ces mesures devraient permettre rapporter près de 46 milliards de FCFA dans les caisses de l’Etat. La dépense fiscale découlant des exonérations sur certains produits de première nécessité ou de grande consommation tels que le riz, le poisson, le blé, etc. est chiffrée à plus de 80 milliards par an.

D’une manière générale, indique-t-on au ministère des Finances, la dépense fiscale globale douanière culminait à 198,6 milliards en 2016. Les efforts entrepris depuis les lois de finances 2017 ont permis de la réduire à 183,4 milliards en 2017, à 165,6 milliards en 2018 et à 157,3 milliards en 2019. Pour l’année 2020, elle devrait se situer autour de 149,5 milliards. Elle est projetée à 142 milliards en 2021 et à 134,9 milliards en 2022, si de nouvelles exonérations ne sont pas consenties.

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