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Secteur de l’électricité : comment les difficultés financières d’Eneo vont impacter la mise en service du barrage de Kikot

Il devient plus qu’urgent pour le gouvernement et les parties prenantes d’assainir le secteur de l’électricité au Cameroun, faute de quoi, plusieurs projets de production d’électricité pourraient être compromis.

Selon un rapport d’audit du secteur de l’électricité mené par le ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee), l’entreprise Eneo, concessionnaire du service public et production et distribution de l’électricité au Cameroun présente « un risque de faillite ».  D’où l’urgence d’améliorer ses performances financières car, « le closing financier des barrages comme Kikot annoncé pour 2025 peut être compromis », indique le document.

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 En effet, la structuration financière des projets de production en mode partenariat public-privé comme celui de Kikot est fortement tributaire de la santé financière du principal distributeur (Eneo). Or depuis plusieurs années déjà, la société présente des signes d’essoufflement, caractérisés par une insolvabilité vis-à-vis de ses principaux fournisseurs. Son fonds de roulement est négatif depuis plus de 7 ans, son rendement de distribution se situe autour de 70%, et sa dette globale (banques et fournisseurs…) de 700 milliards à fin 2022 entre autres.

« Eneo ne dispose pas suffisamment de ressources pour couvrir ses dépenses d’exploitation telles que le paiement des factures de Kpdc/Dpdc, Sonatrel, Edc, Sonara, … Eneo est donc obligée de recourir à l’emprunt de court terme pour financer ses activités », précise le Minee.

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 En clair, pour que l’énergie produite par le barrage de Kikot puisse être distribuée, des investissements conséquents doivent être injectés dans le segment de la distribution. A ce sujet, et lors de l’atelier sur le redressement du secteur de l’électricité tenu le 08 juin dernier dans la capitale camerounaise, le ministre Gaston Eloundou Essomba indiquait qu’Eneo n’a pas pu lever des ressources financières auprès des différents partenaires notamment de  la Société Financière Internationale (SFI) de 210 milliards FCFA pour le financement des investissements surtout en distribution. « L’absence de financements pour la distribution va davantage dégrader la qualité du service public de l’électricité fournie aux entreprises, notamment les industriels de la ville de Douala », précise le Minee.  A date, Eneo a des demandes industrielles de 216 MW non satisfaites du fait notamment l’absence d’investissements en distribution d’électricité.

Un projet d’envergure

Annoncé depuis 2021, le projet d’aménagement hydro-électrique de Kikot (dont la puissance varie entre 450 et 550 MW) sur le fleuve Sanaga  prend  peu à peu forme avec la mise en place annoncée d’une société de projet partagée à 50/50 par Electricité de France (EDF), société de droit français, et l’Etat du Cameroun.

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Dans une note diffusée le 4 avril, EDF a lancé le recrutement d’un conseil juridique et fiscal pour la mise en place de la société susmentionnée. Ce consultant devrait assister la société de projet dans le cadre des discussions avec les différentes administrations intervenant dans le processus d’obtention des avantages du régime fiscal et douanier prévu en pareille circonstance. Il doit revoir le projet de convention proposé par l’Agence de promotion des investissements et s’assurer que celui-ci intègre les spécificités du projet ainsi que les intérêts d’EDF dans la société projet. A ce jour l’on ignore encore les résultats de l’appel d’offres.

Un secteur à restructurer

 L’Etat a décidé de mettre en place un plan d’urgence (2023-2026) du secteur de l’électricité qui découle du plan de Réforme du Secteur de l’Electricité. Le plan d’urgence 2023-2026 a pour vocation première d’éviter la faillite de la société Eneo à travers sa restructuration et pour seconde vocation de mobiliser auprès des partenaires techniques Financiers les ressources d’investissement qui auraient dues être mobilisées par Eneo. Pour la satisfaction de la demande industrielle évaluée à 579,5 MW, le plan d’investissement prioritaire est d’une valeur de 400 milliards de FCFA.

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