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Tensions en mer Rouge, crise au Sahel, Zlecaf : Philippe Labonne dévoile la stratégie d’AGL

Le paysage géopolitique actuel continue de remodeler le secteur du transport et de la logistique en Afrique. Dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, Philippe Labonne, à la tête d’Africa Global Logistics (AGL), lève le voile sur le déploiement de son groupe, filiale de MSC, face aux incertitudes et défis qui jalonnent ce secteur.

La mer Rouge est devenue le terrain de jeu des Houtis, rebelles yéménites qui menacent depuis trois mois le trafic maritime. Alors que 11 % du commerce mondial maritime transite par cette route, les compagnies modifient leurs itinéraires en raison de ces perturbations. Chez Africa Global Logistics (AGL) par exemple, l’heure est à l’adaptation. « Ces dernières années, nous avons bien compris que le monde était de plus en plus imprédictible. Nous avons eu le Covid, nous avons la guerre en Ukraine, nous avons également la situation au Moyen-Orient et ceci implique que la chaîne logistique s’adapte », souligne Philippe Labonne, président du groupe AGL, dans une interview à Jeune Afrique.

La décision des compagnies maritimes de contourner la mer Rouge via le cap de Bonne-Espérance, bien que plus coûteuse, témoigne de cette adaptabilité. Ainsi, l’Egypte, pivot stratégique de la région, voit son rôle économique impacté par ces changements, avec des conséquences potentielles sur les activités locales d’AGL. Cependant, Philippe Labonne reste optimiste quant à la capacité du pays à retrouver sa position géographique stratégique. « Je pense qu’aujourd’hui, il faut rester en Egypte, être patient, baisser la voilure si nécessaire et bien regarder aussi les atouts du pays et son potentiel dans l’émergence du continent africain », dit-il.

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Défis sécuritaires au Sahel

Sur un tout autre terrain, loin de la mer Rouge, l’entreprise spécialisée dans les activités de transport et de logistique en Afrique fait face à d’autres défis, cette fois au Sahel. La situation politique au Niger, au Mali et au Burkina Faso (pays dirigés par l’armée à l’issue de 3 coups d’Etat) a un impact sur le fonctionnement des affaires. Certains acteurs du secteur se retirent, mais pas AGL. La filiale de MSC maintient son engagement dans la région, soulignant l’importance de continuer à soutenir les acteurs du monde agro-industriel. « Nous avons parmi nos grands clients les producteurs de coton et nous assurons l’évacuation de la quasi-totalité de la campagne de coton du Burkina Faso et du Mali. Les gens continuent à travailler, à se nourrir. Il est important aussi que nos salariés continuent de pouvoir travailler », explique Philippe Labonne, par ailleurs président du comité Afrique du Medef International.

Impacts des sanctions économiques

Interrogé sur les impacts potentiels des sanctions économiques sur les opérations d’AGL, Philippe Labonne l’avoue : l’activité est en baisse. Mais que ce soit le cas di Niger ou du Mali, AGL maintient son engagement, tout en cherchant à resserrer les voiles. « Les acteurs économiques doivent comprendre qu’il faut laisser du temps aux politiques pour résoudre leur équation », fait-il remarquer. De fait, en tant que groupe français, AGL ne craint pas d’être boycotté ou banni des pays du Sahel. Au contraire : « Nous sommes présents au Sahel depuis des dizaines d’années. Nous y avons des clients qui comptent sur nous, et nous allons rester ».

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Zlecaf et commerce intra-africain

Enfin, Philippe Labonne a abordé l’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) dans la stratégie d’AGL et du Medef International. Le dirigeant français souligne le potentiel de développement du commerce intra-africain et la nécessité d’une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés pour en assurer le succès. Seulement, force est de constater que le commerce patine depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange en 2021. Une question : en quoi le patronat français et son expérience avec l’Union européenne peuvent-ils aider ?

« Les entreprises françaises peuvent apporter leur expertise mais elles ne peuvent pas apporter la volonté politique. Donc il appartient aux Etats africains de faire en sorte que la volonté politique s’applique. Nous ne pouvons que partager notre expérience en matière de gestion de corridor, de transfert des marchandises et de gestion de l’information le long des flux. Nous pouvons aussi sensibiliser, à notre échelle, sur la nécessité de fluidifier la circulation des marchandises et de montrer comment cela peut participer à la prospérité des économies et à la création d’emplois », répond l’interviewé. Dans un contexte marqué par l’incertitude et la complexité, Philippe Labonne réaffirme la détermination d’AGL à naviguer avec succès à travers ces défis tout en contribuant au développement économique et social de l’Afrique.

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