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Cameroun : le déficit de la balance commerciale augmente de 13,3% en 2019

Cette situation est entretenue par des dépenses d’importations en hausse sous l’effet des achats de carburants en lien avec l’arrêt du raffinage à la SONARA et de certains produits alimentaires notamment le riz.

En 2019, le déficit de la balance commerciale du Cameroun s’est davantage creusé pour se situer à 1 464,2 Milliards de F CFA. Ce qui représente une augmentation de  171,3 milliards de F CFA (13,3%) par rapport à l’année 2018. C’est ce que révèle l’Institut nationale de la statistique(Ins) dans sa récente note sur le commerce extérieur en 2019.

Par ailleurs, les recettes d’exportations du Cameroun ont atteint 2392,8 milliards de FCFA au cours de l’année de référence, enregistrant ainsi une augmentation de près de 280,4 milliards, soit 13,5% par rapport à 2018. Cette tendance haussière résulte des exportations  des huiles de pétrole brut qui enregistrent une hausse en valeur de 15,9% et en quantité de +31,2%. Le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) qui figure parmi les produits d’exportation depuis seulement 2018, tire également la courbe des exportations en 2019. Le volume y relatif est de 1225 tonnes (+55,9%) pour des recettes d’exportations établies à 264,5 milliards de FCFA (+111,5%). Le bois scié et le coton enregistrent également des hausses de valeur respectives de 6,2 et 11,1%. Cette hausse des recettes d’exportations masque la baisse en quantité de 12,2% des exportations hors pétrole et gaz. En valeur, celle-ci ont augmenté de 0,6% par rapport à l’année 2018. « Les exportations demeurent très peu diversifiées et sont constituées principalement de produits primaires » indique l’Ins.

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Importations à tout va

La tendance haussière observée au niveau des recettes d’exportations l’est encore plus sur les dépenses d’importations ; ce qui creuse davantage le déficit commercial. En 2019, le Cameroun a importé des biens et services marchands d’une valeur de 3 856,9 milliards de F CFA, soit 451,7 milliards de F (+13,3%), de plus que l’année précédente. Cette hausse est principalement tirée par l’achat des produits pétroliers qui a connu une hausse de 53,1%. Depuis l’incendie survenu le 31 mai 2019 à la Sonara (unique raffinerie du pays) et qui a conduit à l’arrêt de ses unités de production, le Cameroun importe la totalité des produits pétroliers pour approvisionner la demande nationale. Des céréales (dont le Riz (60,9%)), les huiles brutes de pétrole (27,2%), le clinker (30,7%) et les véhicules tracteurs (5,8%) augmentent également la facture des importations. Celle-ci est par ailleurs tirée vers le bas par les poissons de mers congelés (-14,1%).

Du riz à gogo

Les importations de riz au Cameroun au cours de la période sous-revue sont presque passées du simple au double.   Evalués à 561 112 tonnes en 2018 celles-ci ont atteint 894 486 tonnes en 2019 soit une hausse de 59,4%. En valeur, la facture des importations du riz s’élève à 231,8 milliards de FCFA, en hausse de 60,9% par rapport à l’année 2018. Cette denrée alimentaire affiche ainsi un volume d’importation record jusqu’ici inégalé. Volume, qui est largement au-dessus de la demande nationale, estimée en 2020 à 576 949 tonne par le ministère de l’agriculture et du développement rural(Minader).

D’après l’Ins, le surplus d’exportation servirait à alimenter la réexportation vers les pays  voisins dans lesquels les prix sont jugés rémunérateurs par les opérateurs économiques.  Des  réseaux de réexportations illégaux, que décriait déjà en 2019, le ministre de l’Economie Alamine Ousmane Mey. « Il est également constaté qu’une part importante des importations (environ 40%)  est réexporté illégalement vers les pays frontaliers, soit une moyenne annuelle estimée à 316 000 tonnes » avait-il révélé.

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Des sources au ministère de l’économie révèlent que la destination première de cette exportation illégale serait le Nigeria avec qui le Cameroun partage ses frontières. A cause du relèvement de la taxe à l’importation de cette denrée à 110% dans ce pays, les importateurs nigérians ont développé avec plusieurs pays limitrophes dont le Cameroun un réseau de contrebande en vue de faire entrer leurs marchandises. « Les importateurs nigérians préfèrent s’approvisionner au Bénin ou au Cameroun, et faire entrer leur marchandise en contrebande dans le pays » faisait savoir en 2014, la Seaport terminal operators association of Nigeria(Stoan), le regroupement des importateurs de la place portuaire du Nigeria.

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