Business et Entreprises
A la Une

En arrêt d’activité, CICAM a du importer plus de 2 millions de mètres de pagnes de l’Inde pour couvrir la demande du 8 mars

En prélude à la Journée internationale des droits de la femme, la Cotonnière Industrielle du Cameroun a procédé à cette opération pour pallier le déficit de production auquel elle fait face depuis quelques années.

Pour approvisionner le marché national en pagne du 8 Mars,  en prélude à la Journée internationale des droits de la femme (JIF), la Cotonnière Industrielle du Cameroun (Cicam) a importé 2,2 millions de mètres linéaires de pagne pour l’édition 2024. Provenance : Inde. Cette décision, d’après une source bien introduite qui s’est confiée à EcoMatin, va « permettre de résorber temporairement le déficit de production rencontré depuis quelques années déjà ».

En effet, à en croire la même source, pour satisfaire le marché local l’entreprise à capitaux publics a signé un accord avec un sous-traitant Indien qui s’assurera de la disponibilité dudit pagne et permettra d’avoir une meilleure qualité. En contrepartie, « Cicam devra rembourser le sous-traitant après les ventes et gardera sa marge dans cette opération commerciale ». Selon une autre source proche de l’entreprise contactée, l’enveloppe  de cette importation s’élèverait à une dizaine de milliards de Fcfa.

Depuis 2023, la Cicam fait recours aux importations de pagnes pour combler son déficit de production. Elle a à cet effet importé 1,1 million de mètre linéaires depuis ce même sous-traitant Indien et a seulement fabriqué 900 000 mètres linéaires au cours de la periode susmentionnée, soit un total de 2 millions de mètres linéaires . Cette situation est causée « par la vétusté de son outil de production entraînant sa mise en arrêt en août de la même année », indique une source. Selon le rapport de la Commission Technique de Réhabilitation des Entreprises du secteur public et parapublic (CTR) de 2022, cet état dans lequel se trouve la Cicam perdure depuis 2017, année à laquelle l’outil de production de la structure a commencé à avoir des pannes à répétition.

lire aussi : Cameroun : la Cicam veut réévaluer son patrimoine immobilier pour réduire son déficit des capitaux

Avec sa situation financière qui ne cesse de se dégrader, la Cicam va mettre en arrêt en 2022 sa seconde usine de production (usine d’ennoblissement) située dans la ville de Douala ;  deux mois plus tard celle-ci sera délocaliser vers la première usine de production à Garoua. La première usine, incapable de porter autant de charge, va être mise en arrêt en 2023.

Des difficultés qui se sont reflétées dans la production de la Cicam car, d’après cette même source  introduite, la Cicam a produit 1,5 millions de mètre en 2022 contre 2,1millions de mètres linéaires en 2021, soit une régression de 28,5%. En ce qui concerne cet outil de production usé par le temps,  la source renseigne que, depuis 2021 « nous avons fait une requête à l’Etat pour réparer nos usines au mieux pour un coût s’élevant à des centaines de millions de FCFA ».

Cicam en chute

Du haut de ses 59 ans d’existence, elle présente une situation financière alarmante car, les capitaux propres sont devenus inférieurs (-16,3 milliards de FCFA)  avec un montant global de dettes se chiffrant à 31 milliards au 31 décembre 2022, dont 74% de dettes à court terme. Selon le rapport 2022 de la CTR, la détérioration des indicateurs financiers de la Cicam se poursuit dans un environnement marqué par la hausse du coût moyen du coton de 8,43% et la forte concurrence des produits textiles en provenance d’Asie qui occupent 88% du marché du pagne.

lire aussi : Malgré une baisse de son activité, CICAM améliore son résultat net et sa trésorerie en 2022

Aussi, en raison de l’absence de trésorerie, le stock de la dette est en hausse de 17,22% et impacte fortement les relations de Cicam avec ses principaux fournisseurs (Eneo, Sodecoton, Gaz du Cameroun), matérialisées par des suspensions répétées en fourniture d’énergie et en matières premières. Bien plus, l’insuffisance des fonds ne permet pas de régulariser la situation du personnel, qui cumule à date 11 mois d’arriérés de salaire selon une source. Néanmoins d’après le Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN) l’on apprend par exemple que dans le scenario d’une réhabilitation par l’État avec un modèle économique inchangé, le coût de la restructuration est évalué à plus de 48 milliards de Fcfa, et dans l’hypothèse d’une privatisation d’une partie de l’activité de la Cicam, le coût de sa restructuration passerait à 30,7 milliards de Fcfa, pour un besoin net en financement de 21,7 milliards de Fcfa.

A LIRE AUSSI :

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page