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Centrafrique : Touadera projette des chantiers dans un contexte budgétaire et financier incertain

Pour les trois prochaines années, le chef de l’Etat veut mettre l’accent sur des investissements dans les infrastructures énergétiques, routières et de transport tout en se donnant pour ambition de relever le niveau de collecte des recettes publiques à 200 milliards de Fcfa par an. Décryptage.

La célébration des trois ans de magistère de Faustin Archange Touadera, président de la République de Centrafrique, lui a donné l’occasion de présenter son bilan pour les trois premières années et de se projeter sur les trois prochains exercices. S’il se satisfait des résultats obtenus jusqu’ici grâce aux réformes budgétaires, économiques et financières engagées, reste que le pays, dans bien des secteurs, doit encore faire des efforts pour afficher la physionomie promise lors de la campagne électorale qui l’a reconduit à la tête de l’Etat en 2020.

Ainsi, dans le domaine des finances publiques par exemple, où le pays a réussi à porter la mobilisation des recettes publiques de 125,9 milliards de FCFA en 2021 à 132,5milliards de FCFA en 2023, soit une hausse de plus de 5%en deux ans, le chef de l’Etat veut à moyen terme que les ressources internes s’établissent à 200 milliards de Fcfa. Une perspective qui, face aux contraintes macroéconomiques, va se heurter à la faiblesse du tissu économique.

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Si le pays a accompli certaines avancées, comme le souligne le chef de l’Etat dans l’amélioration de la mobilisation des recettes domestiques grâce à la digitalisation des procédures fiscale, douanière, budgétaire et financière, l’instauration de mesures nouvelles dans les lois de finances 2022 et 2023 ainsi que de la transparence des dépenses publiques, la gouvernance souvent mise à l’index par le FMI avec qui le pays est sous-programme, reste préoccupante. Ce qui va constituer un sérieux handicap à l’atteinte de l’objectif de mobilisation des recettes publiques que veut fixer le chef de l’Etat aux administrations d’assiette.

Poursuivre les réformes engagées en 2017

Mais le président de la République semble conscient de cet enjeu. D’où l’annonce de la poursuite des réformes en matière de mobilisation des recettes intérieures engagées depuis 2017. Faustin Archange Touadera veut aussi garantir l’indépendance énergétique de la RCA grâce aux travaux de construction des dépôts secondaires dans le pays d’une capacité de 3000 m3 à Zinga, Bambari, Bouar, Bangassou et Bocaranga et la réhabilitation du dépôt de Salo en vue de doter le pays de structures de stockages autonomes. Ceci après avoir réalisé celui de 5500m3 à Bangui.

Dans le domaine des transports, les chantiers concernent la construction d’un port à Mongoumba, la réhabilitation du port de Bangui et du port pétrolier de Kolongo, la construction de gares routières à Bria et Bossembélé, ainsi que la finalisation des travaux de rénovation de l’aérogare de l’aéroport international de Bangui-Mpoko et de la construction d’un nouvel aéroport à Bangui. Le plus grand projet de ces trois prochains exercices consistera en la construction d’un linéaire bitumé de 1200 kilomètres, de 322 kilomètres de routes rurales entre Kaga-Bandoro-Ndélé, tandis que 500 Km de pistes rurales à réhabiliter.

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Dans le domaine des transports, les chantiers concernent la construction d’un port à Mongoumba, la réhabilitation du port de Bangui et du port pétrolier de Kolongo, la construction de gares routières à Bria et Bossembélé, ainsi que la finalisation des travaux de rénovation de l’aérogare de l’aéroport international de Bangui-Mpoko et de la construction d’un nouvel aéroport à Bangui. Le plus grand projet de ces trois prochains exercices consistera en la construction d’un linéaire bitumé de 1200 kilomètres, de 322 kilomètres de routes rurales entre Kaga-Bandoro-Ndélé, tandis que 500 Km de pistes rurales à réhabiliter.

200 milliards de FCFA à mobiliser

Tous ces chantiers vont nécessiter la mobilisation de ressources additionnelles auprès de guichets internationaux et des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Car, pour l’exercice 2024, les ressources budgétaires de la République centrafricaine sont dimensionnées à 291,8 milliards de FCFA ; les charges quant à elles dépassent les 320 milliards de FCFA. Selon la loi de finances 2024, la sixième et dernière économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, table sur un solde budgétaire négatif de 28 milliards de Fcfa et des charges de trésorerie et de financement du budget de 58,7 milliards de Fcfa, soit un besoin global de financement de 86 milliards de Fcfa.

Ainsi, afin de répondre à ce besoin de financement et de rétablir l’équilibre budgétaire, le Trésor centrafricain a l’ambition de lever sur le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) en 2024, une enveloppe globale de 200 milliards de Fcfa. Insuffisant pour réaliser une partie de ces projets cette année. Si on ajoute les incertitudes du marché financier et l’envolée des taux d’intérêt appliqués aux opérations de levée de fonds par les Spécialistes en valeur du Trésor, le pari de la mobilisation de cette somme risque de ne pas être tenu.

De plus, le programme conclu avec le FMI n’ouvre pas de grandes perspectives en termes de mobilisation de fonds à l’international. Une tendance qui s’observe depuis que le chef de l’Etat a décidé d’engager la RCA sur la voie de la crypto-monnaie. L’on se souvient que suite à cette décision, plusieurs bailleurs de fonds, partenaires du programme, avaient suspendu leurs appuis budgétaires en faveur du pays.

Limites

Ensuite, la coopération avec la Russie passe mal aux yeux de plusieurs partenaires dans un contexte de sanctions économiques dont est frappé le pays de Vladimir Poutine. Quant aux ressources minières du pays, l’or et le diamant notamment, aux mains de groupes rebelles et de bandes armées, elles ne parviennent pas encore générer des ressources nécessaires à l’accompagnement des politiques publiques. À titre d’illustration, la production de l’or s’est située au 31 janvier 2024, à 1 772 kg, générant au passage environ un milliard de Fcfa pour les caisses de l’Etat. Pour ce qui est du diamant, à la même période, il a atteint 115 916 carats, soit 1,384 milliard de Fcfa au titre des recettes fiscales.

Et enfin, les espoirs placés en la cryptomonnaie à travers la loi sur la Tokénisation des ressources naturelles et foncières semblent s’être évanouis avec la mise en garde la BEAC sur les cryptos actifs en zone Cemac.

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