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Commerce : vers des perturbations dans les circuits d’approvisionnement de la bière au Cameroun ?

Après deux correspondances restées lettre morte auprès de la Cameroon Alcohol Producers Association (Capa), le conglomérat des transporteurs routiers qui sollicite de cette dernière une revalorisation de 15% sur le tarif de transport des produits brassicoles, annonce une cessation d’activité dès le premier weekend d’avril.

S’achemine-t-on vers des perturbations programmées dans le circuit d’approvisionnement des points de vente de la bière au Cameroun ? Certainement oui ; si rien n’est fait bien sûr. Ceci au regard de la brouille  observée entre la Cameroon Alcohol Producers Association (Capa) qui regroupe l’ensemble des industries brassicoles et la plateforme des organisations socioprofessionnelles des transports routiers du Cameroun constitué des PME fournisseurs des services de transport.

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En effet, dans une correspondance le 15 mars 2024, le conglomérat camerounais des syndicats des transporteurs des produits brassicoles relève qu’elle a adressé une première correspondance à la Capa le 23 février 2024. Visiblement, le courrier consulté par EcoMatin portant revalorisation du tarif de transport à la suite de la hausse des prix à la pompe le 3 février dernier, est resté lettre morte auprès des Sabc, UCB, Guinness, Brasaf de Samuel Feuyou, Gracedom de Jacqueline Ndongmo ; principaux destinataires de la lettre. « Nous venons par la présente, vous marquer notre inconfort suite au silence que vous observez, qui n’est pas de nature à garantir un climat avec nos partenaires transporteurs », écrit la plateforme syndicale au président de la Capa avant de poursuivre « fort de ce qui précède, nous vous prions instamment de donner suite aux attentes de nos camarades afin de nous permettre de contenir la grogne de ces derniers qui, si rien n’est fait, n’auront pas d’autre issue que la cessation de l’activité à partir du vendredi 5 avril 2024 ». Une situation qui, si elle se mettait en branle, présage une pénurie des boissons dans les bars, restaurants et autres lieux de vente.

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Pour l’heure, les sociétés brassicoles ne se sont pas prononcées sur la revendication de 15% du prix de transport des produits brassicoles. Toutefois, d’après nos sources, 04 des 05 administrations publiques visées ont accusé réception du courrier même si leur réaction à ce sujet reste tout aussi attendue. Il s’agit du ministère du Travail, du ministère du Commerce et de la Primature. Il ne reste plus que la présidence de la République.

Des manques à gagner

Avec 80% des membres débiteurs auprès des banques, les syndicalistes font savoir que les factures de leurs clients (sociétés brassicoles) ne leur permettent plus de réaliser un retour sur investissement et de pouvoir s’acquitter de la dette. « Moi par exemple, je suis transporteur agrée à Guinness Cameroun. Vous vous rendez compte qu’il y a eu deux augmentations des prix du carburant  et aujourd’hui Guinness continue de me payer ce qu’il me payait quand le carburant était à 575 Fcfa lors de la signature de notre contrat.  Entretemps, pour continuer à faire ce travail, nous sommes en train de puiser dans nos petites réserves ou même de transporter à perte. Puisque vous n’allez pas ajouter 253 Fcfa /litre de carburant pour servir un client qui n’augmente même pas 1 F sur le prix du transport », déplore Moïse Vokeng, président du Réseau professionnel des transports routiers du Cameroun.

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Hausse inévitable du prix de la bière?

D’après certains transporteurs contactés par la rédaction, il s’agirait d’un dialogue de sourds auquel ils se livrent avec les brasseurs. « Peut-être les pénuries vont les amener à trouver une solution. En fait, c’est un dialogue de sourds. Nous allons vers nos clients qui sont les brasseurs ils nous disent : l’Etat nous a dit à vous d’augmenter 15% sur vos factures de transport adressées à nous. Mais nous ne pouvons pas les prendre à l’Etat parce que le même Etat ne nous a rien donné comme accompagnement pour relever le prix de transport », déplore le président syndical.

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Le scénario d’une nouvelle hausse du prix de la bière au Cameroun n’est pas exclu, au-delà du désaccord entre les deux parties. La raison, en acceptant de revoir à la hausse le prix payé aux transporteurs, les sociétés brassicoles, à défaut d’avoir des mesures spécifiques d’accompagnement de l’Etat, n’auraient certainement pas d’autre alternative que de le faire répercuter sur le prix des boissons.

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