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Le gouvernement exclu la dette intérieure de ses priorités

Le ministre des finances répondant aux questions des parlementaires a cité les priorités du gouvernement dans lesquels ne se trouve pas le règlement de la dette intérieur.

Alors qu’il répondait aux questions des députés lors de la séance des questions réponses, le ministre Louis Paul Motaze en charge des finances a indiqué que le règlement de la dette ne figurait pas dans le top 4 des priorités du gouvernement en ces moments de crise. Selon le responsable du gouvernement, 4 priorités principales sont prises en compte dans l’exécution des paiements par l’Etat. Il s’agit de soigner les malades du Covid, payer les salaires, assumer des dépenses Sécuritaire, et effectuer des dépenses de construction de région du Nord-ouest et du sud-ouest. S’agissant particulièrement des dépenses de salaire, le ministre a fait remarquer le risque de rupture sociale qui existe si le gouvernement arrêtait de payer les salaires des fonctionnaires. Cette position du gouvernement qui ne manque pas de cohérence, pose cependant un problème pour de nombreuses entreprises, qui pour exécuter des marchés publics, sont contraintes de recourir à l’endettement bancaire ou autres, ou simplement de préfinancer sur leurs trésoreries propres.

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 Le ministre a reconnu que c’est un défi réel. Mais dans sa réponse, il est resté constant, que bien que le gouvernement n’a aucun plaisir à ne pas régler sa dette, il peut arriver que des circonstances mettent en difficulté sa volonté de payer la dette intérieure. « La dette intérieure c’est quelque chose d’extrêmement important qu’il faut éponger, c’est notre conviction. Quand nous le faisons, c’est pour deux raison essentielles : Déjà ce n’est pas un cadeau à ces entreprises, si quelqu’un a eu un marché il doit être payé, c’est normal, nous remplirions tout simplement nos obligations. La deuxième raison, c’est que c’est avec des entreprises qui fonctionnent qu’on bâti des économies fortes. Vous comprenez qu’un gouvernement ne peut pas volontairement dire je ne vais pas payer la dette intérieure ce n’est pas possible. Comprenez tout simplement qu’on peut-être dans une situation de crise et nous y sommes qui fait en sorte qu’un certain nombre de paiements sont retardés », a fait savoir Monsieur Motaze.

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Si le responsable du gouvernement a présenté des arguments logiques et dans une certaine mesure défendable, il n’en demeure pas moins que la portée sur les risques liés à la dette intérieure est anormalement minimisée. Déjà la loi des finances initiale de 2020 et celle de rectification actuellement en débat au parlement a reconnu l’importance de régler l’enveloppe prévue de 417,8 milliards de dette intérieure, ce qui prouve que même du point de vue du législateur, c’est une préoccupation importante. Le député ayant posé le problème de dette intérieur a orienté sa préoccupation sur la dette des fournisseurs de l’Etat, mais les créanciers du gouvernement sont de divers ordres, et vont des fonctionnaires dans l’attente légitime de leurs rappels de paiements, aux banques commerciales ayant soutenu des entreprises qui sont structurellement déficitaires.

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Aussi, crier aux manques des ressources budgétaires pour ne pas payer les entreprises, reste un argument qui n’est pas exempté de critiques. Dans le même temps que le gouvernement se plaint de n’avoir pas de ressources, ce dernier accordé des cadeaux fiscaux de l’ordre de plus de 1100 milliards de FCFA entre 2016 et 2018. Ces cadeaux auraient suffi à éponger une bonne partie de la dette intérieure. Le Cameroun reste relativement mieux noté que ses pairs de la CEMAC, mais les choses sont en train de changer. Sa récente sortie sur le marché des obligations s’est soldée par une exigence élevée en termes de taux de la part des banques, qui perçoivent désormais le pays comme modérément risqué, alors que jusque-là, ils se montraient beaucoup plus souple. Enfin, le gouvernement semble éviter de parler de la dette des entreprises parapubliques. La SONARA, Camtel et Camwater en tête, ces sociétés détenues majoritairement par le gouvernement, traîne une importante dette contingente.

Il existe pourtant des solutions, mais qui ne semblent pas être en discussions au sein du gouvernement. L’une d’elle serait de tirer la dette publique et la vendre à des investisseurs institutionnels, qui détiennent de l’épargne longue, avec une décote, qui ne dépasserait pas le taux d’intérêt applicable aux banques. En effet, pour réaliser des prestations pour l’Etat, certaines sociétés empruntent à des taux élevés. Parfois le remboursement de l’Etat ne parvient pas à combler le principal et les intérêts de cette dette. Or si les créanciers en besoin de liquidités actuelles peuvent recevoir de l’argent, cela permettra au gouvernement d’atteindre son vœu pieux de relancer la machine économique par l’entreprise.

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