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Pénurie de carburant : des transporteurs gabonais se plaignent des nouvelles modalités de consommation

Dans l’ensemble, les mesures gouvernementales qui visent à résorber la pénurie de carburant flagrante au Gabon depuis plusieurs jours ne font pas toutes, l’unanimité au sein du corps des transporteurs. Ces derniers, pénalisés, affirment ne pas pouvoir réaliser des économies en cette période de vacances scolaires pourtant marquée par une forte fréquence de voyages à l’intérieur du pays.

Depuis plusieurs jours déjà, le manque de carburant est d’actualité au Gabon. Pour pallier la situation, le ministre gabonais du Pétrole, du Gaz et des Mines, Vincent de Paul Massassa a, dans une note récente, enjoint les entreprises de commercialisation et de distribution des produits pétroliers d’appliquer un certain nombre de directives.

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Plaintes des conducteurs

A en croire la télévision Gabon 24 qui a eu copie du document ministériel, la décision est applicable à plusieurs niveaux dans les stations-services. Sauf qu’en cette période de vacances marquée par un grand nombre de déplacements des citoyens à l’intérieur du pays, les transporteurs interurbains ne savent plus à quel saint car, la rareté du carburant impacte leur chiffre d’affaires. En substance, les conducteurs se plaignent de ce que les solutions des pouvoirs publics, bien qu’elles visent à satisfaire tout le monde, ne leur permettent pas en ce qui les concerne, de réaliser des économies. Dans la foulée, la question du demi-plein du véhicule est soulevée.

« On essaie de rouler avec le demi-plein. Par exemple, le plein peut faire 30 000F pour un petit véhicule de 4 places comme celui-là. Au niveau du prix, on ne gagne pas en tant que tel. Parce que le chauffeur reprend 4 passagers de 8000 F chacun. Il met le carburant de 15 000F. Il roule avec 15 000. Il arrive à Lambaréné avec 10 000 F. Arrivé, s’il n’y a pas de client, il est obligé de reprendre les 10 000F et de compléter le plein du carburant pour revenir à Libreville. Le patron attend sa recette à la maison… », explique un transporteur à notre confrère.

D’autre part, la limitation à 5 000f de carburant d’environ 8 litres pour le gasoil, conduit les transporteurs urbains à faire preuve de résilience pour boucler les journées ce qui leur rend la tâche plus ardue. « Depuis le matin, on est en train de tourner pour chercher du gasoil. Vraiment c’est dur. Partout où l’on part…», se plaint un autre transporteur. Cet état de chose les induit à adopter des stratagèmes pour s’en sortir.  « Ce n’est pas suffisant mais comme il y a pénurie, c’est ça qui m’oblige à prendre 5 000F. Mais si je prends 5 000F, je suis obligé d’aller à une autre station pour essayer de voir si je peux trouver 5 000f de plus », avoue un taximan.

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D’autres mesures

Dans une correspondance adressée le 29 juin 2022 aux entreprises de commercialisation et de distribution des produits pétroliers, le ministre du Pétrole et du Gaz gabonais fait savoir que la stabilisation des prix des produits pétroliers est « exclusivement destinée aux ménages ». Par contre, il rappelle par la même occasion que « l’approvisionnement des industriels dans les stations-services est désormais interdit au Gabon », écrit-il avant d’ordonner : « Vous veillerez à vous assurer que, grâce à des dispositifs amovibles, seuls les camions citernes de distribution des produits pétroliers accèdent à vos stations-service », peut-on y lire.

Dans une autre note signée dans les mêmes circonstances, le membre du gouvernement gabonais limite « la vente des carburants en station-service à un volume maximal de 100 litres par clients ». De sources concordantes, cette décision du ministre est salutaire au regard du volume de carburant dont s’approvisionnent souvent certains clients « aux gros bidons » auprès des stations-services. « C’est pour permettre à tout le monde d’avoir le carburant », reconnaît à la télévision Gabon 24, un agent d’une station-service locale.

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Pourquoi la pénurie ?

Le 4 juillet dernier, la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (Sgepp) a rendu public un communiqué dans lequel elle évoquait les raisons justifiant la carence du carburant. L’on note entre autres, un problème logistique « lié au dispatching fait par les marketeurs » du fait de l’indisponibilité du combustible dans les stations-service.

« Pour ce cas précis, le bateau contenant le produit devait rentrer samedi. Or ce n’est que dimanche à 2 heures du matin que c’est arrivé et nous n’avons pu prendre en charge le bateau qu’à 10 heures. Le retard de chargement a de facto entraîné un déséquilibre. Nous avons du gasoil dans nos bacs, le problème est lié au dispatching fait par les marketeurs », a expliqué le directeur général de la SGEPP, Andy Makindey-Nze Nguema.

De quoi donner raison au ministre du Pétrole qui interdit de servir les industriels. « Ce sont eux qui sont chargés de livrer le produit dans les stations-service, or ils se trouvent que ces derniers privilégient les industriels. Il faut préciser que les marketeurs ont été ravitaillés toute la semaine et qu’ils avaient la capacité de livrer dans les stations », détaille la Sgepp. De part et d’autre, l’on garde espoir que cette batterie de mesures sorte le pays d’Ali Bongo de cette situation embarrassante qui ne va pas sans incidences sur l’économie.

Par Marius Zogo

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