Banques et Finances

Reprise de liquidité : les bons Beac enchaînent les revers

L’émission des titres du 28 mars d’un montant de 50 milliards Fcfa, la troisième en moins de 2 semaines, souscrite à seulement 30% au 02 avril. Face à la réticence des établissements de crédit de la Cemac à l’égard de cet instrument lancé en décembre 2023 pour réduire l’inflation d’origine monétaire, la Banque des Etats de l’Afrique centrale envisage de faire évoluer les conditionnalités.

L’émission de bons Beac du 28 mars dernier sur le marché bancaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), d’un montant total de 50 milliards Fcfa, s’est soldée le 02 avril par une offre de 15 milliards Fcfa. Les résultats affichent ainsi un taux de souscription de 30%. Un seul établissement de crédit dont le nom n’est pas mentionné a en effet participé à cette opération de ponction de liquidité, la troisième en l’espace de 2 semaines. L’émission des titres du 25 mars, d’un montant similaire, avait déjà elle aussi été très peu souscrite (25% seulement), pour un montant total des offres exprimées de 12,5 milliards Fcfa. Celle du 18 mars avait essuyé un revers plus cinglant, avec un taux de souscription d’à peine 5%. Le niveau de souscription s’améliore néanmoins au fil des émissions, à en juger par l’opération du 28 mars. Mais, le fait que celle-ci provient d’un seul participant traduit une réticence des banques commerciales de la sous-région quant au nouvel instrument de l’institut d’émission commun au Cameroun, à la Centrafrique, au Congo, au Gabon, à la Guinée équatoriale et au Tchad, quant à la nouvelle stratégie d’assèchement de la liquidité bancaire dans la sous-région, annoncée au terme de la session du comité de politique monétaire de la Beac du 12 décembre 2023.

Lire aussi : Marché monétaire : la première émission de « bons Beac » déclarée infructueuse

Ce nouvel instrument de politique monétaire vise à accentuer les efforts de réduction des liquidités excédentaires structurelles que connaît le système bancaire de la Cemac. Ces bons Beac ont une maturité de 14 et 26 jours. Bien que la série d’opérations lancées à partir de février dernier, qui a porté sur un montant total de 150 milliards Fcfa, ait rencontré un succès mitigé, la Banque centrale a émis le mercredi, 03 avril, de nouveaux titres pour un montant total de 230 milliards Fcfa. Elle estime en effet que les mauvais résultats enregistrés jusque-là tiennent du fait que l’instrument est nouveau ; elle reste optimiste quant au fait que les banques commerciales vont prendre un certain temps pour se l’approprier. Le nouveau gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, souligne que « les questions relatives aux conditionnalités  attachées à ces banques, à savoir leur éligibilité au refinancement de la Banque centrale ainsi que la non sollicitation de facilités durant la période de maturité de l’instrument pour les banques qui sont adjudicataires, peuvent être des facteurs qui ont réduit son attrait pour les établissements de crédit ».

La Beac dit se garder « la possibilité de faire évoluer les conditionnalités afin de rendre cet instrument plus flexible aux besoins des établissements de crédit, tout en restant en phase avec son objectif de réduction de l’excédent de liquidité bancaire », indiquait le gouverneur face à la presse le 25 mars dernier à Yaoundé. Il a ajouté que la Beac ne ménagera aucun effort dans les mois à venir dans la sensibilisation des banques commerciales en vue de l’appropriation de ce nouvel instrument. 

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