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Beac : le Tchad parmi les champions des emprunts à court terme, l’arme contre les tensions de trésorerie

Les appels de fonds initiés par le pays de Toumaï sur le marché des valeurs du trésor animé par la banque centrale (Beac) ont majoritairement porté sur les émissions de Bons du trésor assimilables. Ces titres de courtes maturités sont inadaptés à l’investissement public, et servent généralement à résoudre des tensions ponctuelles de trésorerie.

Le rapport sur la politique monétaire publié le 16 avril 2024 par la Beac révèle qu’au cours de l’année 2023, les émissions de Bons du trésor assimilables (BTA), dont les maturités oscillent généralement entre 13 et 52 semaines, ont permis aux pays de la Cemac (Congo, Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad et République centrafricaine) de mobiliser 2 435 milliards de Fcfa sur le marché des titres publics animé par la banque centrale. Cette enveloppe représente plus de 56% des financements globaux levés sur ce marché au cours de la période analysée. Les BTA à 26 semaines ont été particulièrement prisés, dans la mesure où, selon les chiffres révélés dans le rapport de la banque centrale des Etats de la Cemac, les titres de cette maturité représentent 55,6% des émissions de BTA effectuées tout au long de l’année 2023.  Et le Tchad émerge comme le grand champion des émissions de cette dernière catégorie de titres.

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En effet, lit-on dans le rapport de la Beac, le pays de Toumaï affiche à lui seul 82,9% des émissions de BTA de 26 semaines de maturité, effectuées sur le marché de la Beac en 2023. Le Tchad arrive ainsi devant le Cameroun (70,9%), la République centrafricaine (68,9%), le Gabon (51,2%), le Congo (35,8 %) et la Guinée Equatoriale (35,6%). En plus des BTA à 26 semaines, le Tchad a émis des titres de 52 semaines de maturité pour un montant de près de 50 milliards de Fcfa la même année. Ces chiffres sont le témoignage de ce que, comme de nombreux autres pays de la Cemac d’ailleurs (Cameroun, Centrafrique et dans une certaine mesure le Gabon), le Tchad s’est davantage investi sur le marché des titres de la Beac en 2023 pour pouvoir résoudre ses tensions de trésorerie, que pour rechercher des financements visant à réaliser des investissements publics. Ce type de financement n’est en réalité mobilisable qu’au travers des émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA).

Les chiffres de la Beac révèlent que pour les OTA, dont les maturités sont longues (2 ans à 10 ans), et qui sont plus adaptées aux projets d’investissement, le Tchad n’a sollicité le marché que pour une enveloppe de 172 milliards de Fcfa. Celle-ci n’a d’ailleurs pas pu être intégralement mobilisée, o cause des conditions du marché de plus en plus difficiles. Cependant, sur le registre des OTA, le Tchad fait mieux que le Cameroun (106 milliards de Fcfa sollicités) et la République centrafricaine (105 milliards de Fcfa), avec lesquels il partage le statut de champion des emprunts de court terme. A contrario, le pays de Toumaï s’est montré beaucoup moins ambitieux que le Congo et le Gabon. Ces deux pays totalisent plus de 1 500 milliards de w d’émissions d’OTA dans la Cemac en 2023, dont 1 022 milliards de Fcfa de besoins exprimés par la seule République du Congo, souligne le rapport de la Beac.

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Au demeurant, la priorisation des emprunts de court terme pour résoudre les tensions de trésorerie au Tchad, au détriment de l’investissement public, est d’autant plus compréhensible que le contexte socio-politique dans lequel vit le pays s’y prête. En effet, depuis 3 ans maintenant, le Tchad travaille davantage à sortir d’une transition politique entamée depuis l’année 2021, avec le décès au front du Maréchal Idriss Déby Itno. Ce malheureux évènement et la prorogation de la durée de la transition jusqu’en 2024, ont donné lieu à de vives tensions politiques dans le pays, créant un climat peu propice à l’investissement. Surtout pour un pays pauvre, dont les ressources financières internes peinent souvent à assurer régulièrement les salaires à la fonction publique.

De plus, les appuis budgétaires du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre du programme économique et financier 2021-2024 ont été suspendus, faute d’un accord entre le Tchad et ses créanciers sur l’allègement de la dette du pays. « Nous avons déjà effectué quelques décaissements en faveur du Tchad dans le cadre d’un programme de financement, mais nous ne pouvons plus le faire jusqu’à ce que les créanciers acceptent un allègement de la dette du pays », avait révélé en novembre 2022 Catherine Pattillo, la directrice adjointe du département Afrique du FMI.

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