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Campagne agricole 2024 : 80 000 tonnes d’engrais subventionnées pour relever la production au Cameroun

Cette mesure, à laquelle s’ajoute un financement de 3,1 milliards de Fcfa a pour objectif d’augmenter d’une moyenne de 10% les rendements agricoles du pays, contre l’objectif de 3% visé lors de la campagne précédente.

Le 5 avril 2024, le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement Rural (Minader), Gabriel Mbairobe a procédé au lancement de la Campagne agricole 2024 dans la ville de Pouma, dans le département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral. Il en ressort que, à travers cette nouvelle campagne agricole, le gouvernement a pour objectif d’augmenter d’une moyenne de 10% les rendements agricoles du pays, contre l’objectif de 3% visé lors de la campagne précédente. Pour ce faire, le ministre a annoncé dans son discours de circonstance que le gouvernement camerounais va subventionner à 30% l’achat de 80 000 tonnes d’engrais au courant de l’année, apporter un appui financier de 2,4 milliards de Fcfa pour la production de semences améliorées et enfin fournir des appareils de mobilité et de transformation à différentes échelles aux acteurs du secteur pour une valeur de 740 millions de Fcfa.

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Cependant, on relève une réduction de 46,6% de l’appui financier à la production de semences pour l’année 2024. Celle-ci pourrait se justifier par le taux d’exécution du Programme de dépenses pour l’exercice 2023 relativement bas enregistré au Minader. En effet, il nous souvient qu’en 2023, ce département ministériel a enregistré un taux d’exécution de 34,72% de son Programme de dépenses selon le Rapport d’exécution et de budgétisation de l’import-substitution, annexé au projet de loi de finances 2024. Parmi les dépenses prévues figuraient les subventions annoncées par le ministre pour la campagne agricole 2023 dont une subvention de 14 milliards de Fcfa pour l’importation de 50 000 tonnes d’engrais pour les vivriers et près de 4,5 milliards de Fcfa pour la production des semences de qualité.

Ceci dit, la nouvelle campagne s’intègre dans le Plan triennal d’import substitution et les actions y référentes seront réalisées dans le cadre des projets du Programme d’appui au Renforcement de la Production Agricole au Cameroun (Parpac) qui visent à augmenter la productivité et la production agricole, notamment le projet Plaine Centrale qui consiste à l’aménagement de 400 000 hectares de terres afin d’installer des grands producteurs agricoles dans la plaine centrale, le long du corridor Batchenga-Ntui-Yoko-Tibati-Ngaoundéré. Concrètement, la campagne 2024 est axée sur la mécanisation de l’agriculture et le développement des chaînes de valeur pour 7 filières prioritaires que sont : le blé, le riz, le manioc, la banane plantain, le palmier à huile, la pomme de terre et le maraîcher. Suivant les prévisions du Minader, elle devra permettre à terme d’augmenter la production nationale de maïs de 1,2 million de tonnes, de soja de 50 000 tonnes ainsi que celles des maraichers et pommes de terre 1 million de tonnes. La production du riz doit quant à elle être portée à 150 000 tonnes tandis que celle de la banane plantain doit atteindre 6 millions de tonnes d’ici la fin de la campagne.

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Une production loin des ambitions

Actuellement, le Cameroun encore appelé « grenier de l’Afrique centrale » ne parvient pas à satisfaire à la demande de consommation nationale pour l’essentiel des denrées de grande consommation selon les données de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). En effet, face à une demande d’environ 900 000 tonnes de blé par an, le pays ne produit que 945 tonnes alors qu’il possède une capacité de production de 225 000 tonnes d’après le Plan intégré d’import-substitution agro pastoral et halieutique 204-2026 (PIISAH). Ce même plan renseigne qu’en ce qui concerne le soja, le Cameroun importe chaque année environ 80.000 tonnes pour un montant d’environ 14 milliards de Fcfa ; l’offre nationale étant estimée à 30.425 tonnes en 2019 traduisant un gap de près de 50.000 tonnes de soja.

Dans la chaîne de valeur de la filière palmier à huile, les principaux segments développés sont : la production de noix de palme, d’huile de palme brute, d’huile de palmiste, d’huile raffinée et du savon. Ceci dit, la production nationale d’huile de palme brute est établie à 413.000 tonnes en 2020 face à une demande estimée à environ 1.179.000 tonnes la même année. Pour ce qui est du riz, les estimations de la demande nationale s’élèvent à 648 085 tonnes contre 140 710 tonnes seulement pour l’offre en 2023. L’écart entre la production et la demande dégage un déficit qui se situe à environ 507 375 tonnes de riz. De même, la filière maïs qui donne pourtant l’impression de bien se porter avec une production tablée à 2,8 millions de tonnes en 2023 affiche un gap de 689 mille tonnes face à la demande potentielle estimée à 3,5 millions de tonnes 2023.

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Soulignons que, le Minader entend, parallèlement à cette campagne agricole 2024, parachever le recensement général de l’agriculture et de l’élevage entamé depuis 2019. Ce dernier sera couplé au 4e recensement général de la population et de l’habitat pour un coût total établi à 64 milliards de Fcfa. Selon le Minepat, le gouvernement a jugé opportun de mutualiser les deux opérations en raison des « contraintes inhérentes à la disponibilité des fonds ».

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