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Transport urbain : les paradoxes de l’opérateur Yango

Près d’un an après son arrivée au Cameroun, l’entreprise qui propose des services de taxis en ligne réussit son implantation à Yaoundé et Douala, mais elle n’a toujours pas d’existence légale. L’opérateur avait déjà été accusé d’exercice illégal en Côte d’Ivoire.

Depuis novembre 2021, il est possible de commander un taxi en ligne de n’importe quel coin de Yaoundé ou Douala avec un certain nombre de garanties de sécurité et à des prix battant toute concurrence. L’opérateur russe, Yango qui est implanté dans une vingtaine de pays à travers l’Europe, l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique, a réussi cette innovation dans un pays où la politique de transport urbain de masse a échoué lamentablement. Sur les réseaux, les clients ne tarissent pas d’éloges relativement à la qualité du service, et pourtant l’entreprise n’a pas d’existence légale au Cameroun et fonctionne manifestement grâce à un passe-droit administratif dont les contours échappent à l’opinion et surtout aux syndicats des transporteurs qui lui font en outre le procès d’entretenir le phénomène du transport clandestin. En effet, Yango en tant qu’entreprise ne possède pas elle-même de véhicules et n’emploie pas de chauffeurs. Elle donne le loisir aux entreprises camerounaises ou à des particuliers qui opèrent dans le secteur du taxi d’utiliser ses services. Beaucoup parmi ces partenaires sont accusés d’exercice illégal par les syndicats des transporteurs.

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Mais, dans quel intérêt une entreprise qui cartonne dans sa phase d’implantation choisit-elle de s’inscrire dans la clandestinité au moment de son développement ? En avril 2022, elle avait même reçu le prix de la « meilleure application numérique de transport urbain », décerné par l’Association des communicateurs du Cameroun. Le directeur général pays de Yango, que nous avons sollicité il y plus de deux semaines pour en savoir plus sur sa situation administrative n’a pas souhaité s’exprimer.

Mais toujours est-il que le 02 septembre dernier, le ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, s’est saisi du dossier et a sommé le patron au Cameroun, de régulariser sa situation dans un délai de deux mois. Ce traitement constitue une grosse aberration pour les syndicats.

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Le ministre des Transport a sommé l’opérateur de constituer un siège, une succursale, un bureau, une représentation ou une joint-venture au Cameroun. Il devra en plus se faire immatriculer auprès du fisc, dans le registre de commerce et de crédit immobilier, et faire une déclaration préalable contre récépissé à l’administration en charge des communications électroniques. Il lui est également demandé d’ouvrir un compte dans un établissement de crédit ou dans un bureau de chèques postaux ; indiquer le prix, les taxes et autres frais constituant la structure du prix du service rendu aux clients ; publier périodiquement les conditions générales de prestations de service aux clients.

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Enfin, il devra limiter l’accès de sa plateforme numérique aux seuls véhicules et conducteurs en règle et de faire authentifier préalablement tous les documents de transport donnant accès à sa plateforme numérique. Yango avait déjà été accusée d’exercice illégal en Côte d’Ivoire, l’un des trois pays sur le continent africain où il est installé. L’opérateur aurait fait perdre, avec concurrent Uber, environ 10 milliards Fcfa au fisc ivoirien en 2021.

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