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Développement : faux départ pour le Plan directeur d’industrialisation

Selon des experts, le pays présente des indicateurs de développement peu enviables.

Que se passe-t-il entre Basics international et l’Etat du Cameroun ? Les concepteurs du Plan Directeur d’industrialisation du Cameroun (PDI) affichent leur mécontentement concernant sur la mise en œuvre de ce vaste plan dont le chronogramme prévoyait pour la période 2018-2020, une vulgarisation de masse auprès des divers acteurs et du public. D’après les experts du cabinet Basics international, «quand le gouvernement adopte un plan, comme cela a été le cas avec le Pdi, qu’est-ce qui empêche encore sa mise en œuvre ? Nous en appelons donc au sursaut du gouvernement», s’est exprimé le Pr Jean Michel Job, gérant principal du Cabinet Basics international. Un questionnement qui traduit en réalité un aveu de déception. D’un montant de plus de 85.000 milliards de F CFA, le Plan directeur d’industrialisation du Cameroun s’articule autour d’un Plan agro-industriel national (Pain) à mettre en œuvre à travers les collectivités territoriales décentralisées, d’un Plan GNV (Gaz naturel des véhicules), et autour d’une composante numérique. 

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Pourtant, pense Basics international, le Cameroun, malgré ses nombreuses potentialités, continuent d’afficher d’inquiétants indicateurs économiques: balance commerciale déficitaire de 1500 milliards de FCFA en 2019, 166ème au classement doing business 2020 de la banque mondiale, 153ème pays le plus corrompu  du monde d’après un indice de perception de la corruption calculé par Transparence International, une dette générale estimée à 8650 milliards de FCFA, soit 38,5 du Produit intérieur brut (PIB), un taux  de croissance situé à entre 2,5% et  4% (faible pour atteindre l’émergence), un taux d’inflation autour de 2,69%, une  importation massive de certains produits (huile de palme, riz, pâtes alimentaires, poissons, huiles végétales, pétrole etc…..), un indice de développement humain général de 0.869, etc…. A Basics international, s’est jointe la Fondation Pierre Crouigneaux, une organisation non gouvernementale composée de scientifiques, physiciens, économistes, juristes, mathématiciens, universitaires etc…: «la mise en œuvre du PDI interpelle particulièrement la Fondation Pierre Crouigneaux. La Fondation s’inquiète beaucoup de l’organisation de notre système d’éducation et de formation qui va constituer un handicap dans notre  marche vers l’émergence. C’est en soi un vaste sujet qui mérite des réflexions approfondies pour aboutir à des réformes en profondeur qui vont prendre beaucoup de temps mais, pour donner une chance au plan Osec d’aboutir dans de brefs délais. La Fondation veut s’engager dans des actions concrètes pour un véritable développement économique du Cameroun», a présenté le Dr. Jean Toto Moukouo, le Président de la Fondation Pierre Crouigneaux.

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Le Plan Osec pour remplacer le Puadic du Pdi

Le Plan Osec. C’est la trouvaille du tandem Basics international/Fondation Pierre Crouigneaux pour «sauver l’économie du Cameroun». Adossé sur un Plan agroindustriel national (Pain) et un Plan gaz naturel pour véhicules (GNV), le Plan Osec vise surtout, d’après ses initiateurs, à «réorganiser l’économie nationale autour des infrastructures physiques, institutionnelles et immatérielles, l’industrie financière et l’infrastructure cognitive». Le «Think tank GR 2035» place le secteur privé et les collectivités territoriales décentralisées au centre de la réussite de leur projet. Des acteurs clés qui permettront, indique Jean Michel Job, «de rattraper le retard accusé sur l’implémentation du PDI». 

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L’atout principal du «Pain» porte essentiellement sur la relance du tissu agroindustriel  du Cameroun, afin de compenser l’enveloppe de 800 milliards de FCFA de déficit sur les produits alimentaires: «on doit organiser la reconquête du marché national de l’alimentation par la production nationale pour ramener ainsi le déficit à moins de 300 milliards de FCFA, et dans le même temps, sur certains produits bien ciblés, réaliser des exportations nouvelles alimentaires de plus de 400 milliards de FCFA. Il faut par ailleurs promouvoir le Madica, le Made un Cameroon», indique Joubert Nouafo, responsable des techniques bancaires, monétaires et financières de la Fondation Pierre Crouigneaux. Le «Pain» aurait ainsi l’avantage de  créer de millions d’emplois dans le monde rural, et d’y implanter des milliers de petites et moyennes industries. Quant au GNV adopté par le gouvernement en 2017 dans le cadre du PDI, le «Think tank GR 2035» capitalise prioritairement sur le gaz naturel pour une  relance économique efficace: «en utilisant le gaz naturel comme carburant de nos véhicules, on consommerait un peu plus de 100 milliards de FCFA de notre production propre au lieu de devoir importer pour plus de 800 milliards de FCFA comme on le fait actuellement », révèle Robert Nzengwa, Directeur scientifique à la Fondation Pierre Crouigneaux. D’après qui le GNV permet de s’assurer les moyens de réaliser sans crédit, les infrastructures nécessaires à l’industrialisation avec le concours du secteur privé.

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Les deux volets du Plan Osec proposé par le «GR 2035» ne visent pas l’exploitation de ressources nouvelles mais se fondent sur de nouvelles formes d’organisation pour rendre plus efficace le fonctionnement de notre économie», a indiqué à son tour Florence Tobo Lobe, Vice-présidente de la Fondation Pierre Crouigneaux chargée de la recherche et des relations extérieures. La mobilisation pour la mise en œuvre du Plan GNV est ainsi lancée. D’après l’économiste Thomas Babissakana propose des études complémentaires du GNV pour la période 2020/2021, la construction des stations de distribution de Douala et Yaoundé, la construction des gazoducs de 2022 à 2024 (basculement complet en 2025), mise en place  de centrales d’appoint au gaz dans les grandes villes principales, instauration d’une taxe spéciale sur les carburants devant rapporter 30.000 milliards de FCFA de 2024 à 2038. 

Pour la réussite du Pain, le groupe d’experts propose un plan agroindustriel national adossé sur les plans communaux de développement (PCD) concernant les productions agricoles et leurs transformations. «Les PCD seront composés aussi de nombreux projets qui pourront être conduits simultanément dans la commune.», clarifie une fois de plus Robert Nzengwa. 

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