Mois : mars 2019

  • Barrage hydroélectrique de Song-Loulou: où est passé le plan d’urgence de réhabilitation ?

    Construit à partir de 1976 et inauguré en 1981 avec une capacité installée de 384 Mw – qui s’étend à 450 Mw aujourd’hui -, le barrage hydroélectrique de Song-Loulou dans le Littoral, continue de jouer un rôle central dans le dispositif énergétique au Cameroun, grâce notamment à la bonne santé de ses turbines et de ses équipements électromécaniques. Toutefois, selon des experts, l’infrastructure présente depuis quelques années un niveau de fragilité qui nécessite d’importants travaux sur le plan du génie civil et du renforcement de la sécurité du barrage. « Ce problème est d’autant plus important qu’on ne peut pas attendre. Il y a un minimum de paramètres qu’il faut modifier. Depuis bientôt huit ans, les rapports des différents consultants sont extrêmement alarmistes  », prévenait l’an dernier,  dans les colonnes de Mutations, le directeur général de Electricity Development Corporation (Edc), l’entreprise de patrimoine chargée de construire et gérer les barrages au Cameroun. Selon Théodore Nsangou, « on est arrivé à un niveau où on devrait mettre en place ce qu’on appelle un plan d’urgence de réhabilitation du barrage […] Après cela, on va passer à la grosse réhabilitation qui va nécessiter l’arrêt d’un groupe sur huit par an, afin de monter en puissance. Et cela va nécessiter de procéder à l’extension de Song-Loulou ». Au terme de cette opération, Edc avait dit s’attendre à 150 Mw supplémentaires de puissance garantie qui devaient s’ajouter aux 450 Mw actuels.


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    Le montage financier de ces travaux est depuis bouclé, souffle une source proche du dossier, même si elle se refuse à donner les informations relatives  au coût desdits travaux d’urgence à réaliser. Depuis plus d’un an, le gouvernement n’a pas donné de suite à ce dossier, pour ce qui est de la mise à disposition des financements. Mais, dans le cadre de l’avenant n°2 au contrat de concession du service public de l’électricité, signé en août 2015 avec l’Etat du Cameroun,  Eneo Cameroon S.A s’était engagée à réhabiliter ce barrage à hauteur de 11 milliards Fcfa. Les travaux qui devaient s’étaler sur trois ans seraient en cours sur le terrain, mais, il s’agirait davantage de colmatage des fissures « pour régler un problème d’esthétique », que de réhabilitation. L’ex-ministre de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangana Kouna aujourd’hui détenu à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, au cours d’une visite de terrain en 2016, avait juré que «  le barrage était stable et que ces fissures n’entament en rien la stabilité de l’ouvrage ». Or, un diagnostic dressé en 2009 par le cabinet français Isl Ingénierie faisait état de ce qu’une rupture ou un grave dysfonctionnement des ouvrages en béton ou des équipements de la prise d’eau et de l’évacuateur du barrage hydroélectrique de Song-Loulou « n’étaient pas à exclure si aucun confortement n’était entrepris ».

    Devant ces avis qui s’affrontent au sujet de l’état de santé du barrage hydroélectrique de Song-Loulou, il serait bon que le gouvernement commande un nouvel audit technique de l’infrastructure.

  • Emergence du Cameroun: des interrogations sur les priorités du budget 2019

    Le budget 2019 du Cameroun semble ne pas être en adéquation avec la volonté d’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. C’est du moins l’avis de Nkafu Policy Institute, un Centre d’études et de recherches en politiques publiques logé à la Fondation Denis & Lenora Foretia, qui a organisé une table ronde sur le thème : « comprendre les priorités du budget national 2019 ». Pour ce centre d’études et de recherches en politiques publiques, le service de la dette qui constitue le premier poste de dépenses en termes d’allocation budgétaire. Le service de la dette (intérieure et extérieure) s’élève à 1057,4 milliards de FCFA en 2019, soit plus de deux fois les recettes tirées du pétrole estimées à 475 milliards de FCFA. De manière simple, le service de la dette intérieure est de 12,3% du budget annuel et le service de la dette extérieure est de 9,5% du même budget annuel.

    le Cameroun peut accélérer ses progrès en réalisant une politique budgétaire centrée sur le développement

    Au total, c’est 21,8% du budget annuel qui sera alloué aux paiements d’intérêts et du principal requis sur la dette publique. En dehors du service de la dette, de nombreux problèmes peuvent également être soulignés, par exemple, les importations de riz et de poisson (estimés à 315 milliards de FCFA par la Banque Mondiale). Mais peu d’investissements sont alloués au développement de l’agriculture, au développement des infrastructures telles que les routes, les écoles, les hôpitaux, etc. L’on estime par conséquent qu’il est important que  le Cameroun commence à être préoccupé par ses priorités budgétaires du moment où l’émergence en 2035 reste l’objectif majeur du pays. Le rapport de ce  centre se propose donc de répondre à une simple question : Comment est-ce que le Cameroun peut-il surmonter ces défis et progresser vers la réalisation d’un budget favorisant l’émergence d’ici 2035 ?


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    L’objectif de cette table ronde était donc de rendre public ce rapport évaluant le budget 2019 de la République du Cameroun. Un rapport qui présente les enjeux et les défis, ainsi que les forces et les faiblesses du budget. De même qu’il propose des solutions à travers lesquelles le Cameroun peut accélérer ses progrès en réalisant une politique budgétaire centrée sur le développement ; capable de booster l’émergence en 2035. Cet évènement est conforme à la mission du Nkafu Policy Institute qui est de catalyser la transformation économique des pays africains en mettant un accent sur l’entrepreneuriat social, la science et la technologie, la santé, et la mise en œuvre de politiques de développement qui créeront des opportunités économiques pour tous.

  • De nouvelles révélations dans l’affaire Mebe Ngo’o

    Nouvel épisode dans l’affaire Mebe Ngo’o.  Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, l’ancien ministre de la défense actuellement détenu a la prison central de Kondengui se serait aussi appuyé sur le contre-amiral Pierre Njine Djonkam et l’homme d’affaire français Philippe Bourcier pour reverser d’important pots de vin a de hautes personnalités camerounaises dans le cadre de la signature de cinq contrats juteux liant l’Etat du Cameroun a l’entreprise  Espagnole Defex entre 2006 et 2013.


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    Ces contrats  d’une valeur totale de près de 65 milliards Fcfa portaient sur la fourniture de véhicules blindés et d’équipements de sécurité maritime.

    Toujours selon jeune Afrique, le rôle de Philippe Bourcier, un habitué de l’hôtel Hilton de Yaoundé a surtout consisté à créer sept sociétés écrans au Royaume-Uni aux Iles Vierges Britanniques. Ces sociétés ont ensuite signé à leurs tours des contrats fictifs de sous-traitance avec 15 personnalités Camerounaises à qui elles ont rétrocédé près de 350 millions de Fcfa.
    [do_widget id=facebook-widget-3] Parmi ces personnalités, les enquêteurs espagnols citent Jean Calvain Momha Chef d’Etat major de l’armée de l’air, Véronique l’épouse du Mebe Ngoo, Essomba Abanda Cadre au Ministère du travail, Gervain Evengane Foumane attaché de défense à l’Ambassade du Cameroun en France, Pierre Njine Djomkam Ministère de la défense, Romain Ngongang cadre au Ministère de Développement Urbain, Ngoula Blaise Directeur au Ministère du Plan, mais aussi quelques étrangers comme Jean Bernard Avouma ex-conseiller de Ali Bongo et Ambassadeur du Gabon en Turquie qui a reçu ou encore le Ministre Sénégalais de la Pèche Oumar Gueye   

  • Zone Cemac: Près de 3000 milliards dans des banques à l’étranger

    Le Fonds monétaire international (FMI) a publié le 24 mars, un rapport sur la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), constituée du Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Dans ledit rapport, le FMI révèle que, «Certains signes laissent penser que d’importants dépôts sont effectués à l’étranger par des résidents de la Cemac, ce qui n’est probablement pas tout à fait conforme à sa réglementation des changes. Celle-ci exige que les fonds détenus par des résidents de la Cemac dans des banques étrangères soient d’un montant limité et puissent être justifiés, par exemple par le financement d’importations anticipées ou le service de la dette à court terme».

    D’après le FMI…il se peut qu’une partie de ces fonds déposés dans des banques étrangères soit en rapport avec le produit non enregistré d’exportations pétrolières

    Citant des données fournies par la Banque des règlements internationaux (BRI), le FMI indique que, les fonds détenus par des résidents de la Cemac dans des banques étrangères sont d’environ 5 milliards de dollars U.S. (près de 2 897 milliards FCFA) à la fin de 2017, dépassant ainsi le montant notionnel autorisé. Si cette conclusion est avérée et compte tenu de l’importance du pétrole en tant que principale source de devises, ajoute le FMI, il se peut qu’une partie de ces fonds déposés dans des banques étrangères soit en rapport avec le produit non enregistré d’exportations pétrolières.

    Dès lors, le FMI pense qu’il y a un problème avec l’application intégrale de la réglementation des changes. «Les progrès pourraient en particulier porter sur la responsabilité des banques en ce domaine, la nature des vérifications (le plus souvent a posteriori) des douanes et les sanctions en cas de non-conformité. Celles-ci devraient s’appliquer aux négociants en pétrole et peut-être s’étendre aux banques qui procèdent au règlement des transactions», suggère le FMI.

    Le cas du Cameroun

    Avant le FMI, c’est la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) qui a révélé, il y a peu, l’existence d’une étude intitulée « L’environnement institutionnel et les liens entre les flux de capitaux et la fuite des capitaux au Cameroun », parue dans la Revue africaine de développement en 2016.

    Il en ressort que le Cameroun est 10ème dans le classement des pays d’Afrique subsaharienne en termes de fuite de capitaux

    Il en ressort que le Cameroun est 10ème dans le classement des pays d’Afrique subsaharienne en termes de fuite de capitaux. Les fausses factures ou falsifications des transactions commerciales, qui représentent 83% du phénomène, seraient la principale cause. Les secteurs pétrole et bois sont les principales causes de la fuite des capitaux, avec des contributions estimées respectivement à 72% et 17% des fausses factures issues des exportations. L’étude démontre qu’entre 47% et 62% d’un franc CFA qui entre sous forme de dette extérieure est rapatrié sous forme de fuite de capitaux, et lorsqu’on introduit la rente pétrolière et plus généralement les ressources naturelles dans l’analyse, le phénomène devient deux fois plus sensible.

    « Un tel phénomène devrait certainement être plus important ou sinon similaire pour les autres pays africains producteurs de pétrole et particulièrement ceux de la Cemac », apprend-on. A la lumière de ces résultats et en vue de réduire considérablement la fuite des capitaux, l’étude recommande qu’une conditionnalité adéquate puisse accompagner la dette extérieure, tout comme l’Aide publique au développement (APD). Cette conditionnalité favoriserait une gestion plus efficace des finances publiques et une meilleure gouvernance.

  • Intégration sous régionale: l’insécurité, nouvelle grande hypothèque

    « Accélérer résolument la finalisation de la libre-circulation des personnes et des biens, et la réalisation rapide des projets intégrateurs en préservant la sécurité ». C’était la 16e résolution du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), tenu le 23 décembre 2016 à Yaoundé, en présence de la directrice générale du Fonds monétaire internationale (Fmi), Christine Lagarde, et de l’ex-ministre français des Finances, Michel Sapin. Réunis en novembre 2017 à N’Djamena au Tchad, les mêmes dirigeants avaient alors pris acte de la ratification, quelques semaines plus tôt, par tous les États membres, de l’accord de 2013 sur la libre-circulation des personnes dans la sous-région. Le 24 mars dernier, toujours dans la capitale tchadienne, la Conférence des chefs d’Etat a adopté la politique commune d’émigration, d’immigration et de protection des frontières de la Cemac. A cet égard, elle a instruit le président de la Commission de la Cemac, d’une part, d’accélérer l’application de l’acte additionnel portant suppression de visa pour tous les ressortissants de la sous-région circulant dans l’espace communautaire, et, d’autre part, de mener des actions vigoureuses pour la mise en œuvre de ladite politique commune.


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    Seulement, ces bonnes intentions des dirigeants de la Cemac risquent de se fracasser  sur le mur de l’insécurité. La crise sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, les assauts meurtriers de Boko Haram au Cameroun et au Tchad, l’action des bandes armées en République centrafricaine et dans les régions de l’Adamaoua et de l’Est au Cameroun, hypothèquent sérieusement l’application de l’accord de libre-circulation des personnes et des biens, qui devait être effective depuis janvier 2018. Alors que cette politique commune était effective depuis entre le Cameroun et le Tchad, le Cameroun et le Congo et le Cameroun et la Centrafrique, les conditions de circulation des citoyens entre ces différents pays ont été durcies depuis la dégradation du contexte sécuritaire. C’est dire que cette politique commune ne sera pas mise en œuvre dans son intégralité avant le retour de la paix, qui demeure lui-même incertain. La Guinée Equatoriale, le Gabon et le Congo, les seuls de pays de la zone Cemac encore stables, du moins sur le plan de la sécurité, redoutent une importation des crises qui secouent actuellement les autres Etats de la Cemac. Par ailleurs, l’enlisement de la situation sécuritaire dans la sous-région et dans bien d’autres du continent est un mauvais signal, à cinq mois de l’entrée en vigueur de l’accord de l’Union africaine instituant la Zone de libre-échange continentale (Zlec).

  • Produits alimentaires: comprendre les causes de la hausse des prix sur les marchés

    A la suite de sa dernière rencontre avec les acteurs des filières poissons et riz importés, le ministère du Commerce a rendu un communiqué dans lequel il annonçait les prix qui ont été arrêtés. Pour les deux produits, on assiste à une légère baisse et l’administration a promis la fermeté dans l’exécution de cette directive. « Le ministre du Commerce a donné des instructions fermes aux services compétents de son département ministériel pour des contrôles effectifs et à l’application de la tolérance zéro ». La réaction du gouvernement se voulait forte car ces deux produits sont la base d’un des plats les plus accessibles pour les consommateurs camerounais, à savoir le riz sauce d’arachide, poisson. Bien que volontariste cette instruction ministérielle n’apportera que de faibles résultats et cela pour deux raisons.

    Il sera difficile pour le ministère de faire appliquer cette résolution dans ces marchés où les prix sont impactés par d’autres facteurs comme le transport et la marge des acteurs de distribution

    Déjà, la note concerne les marchés de Douala et de Yaoundé. Les deux villes regroupent certes près de 8 millions d’habitants, si on s’en tient aux chiffres du dernier recensement de la population et ses perspectives de croissance, qui datent de 2010. Mais une part importante des consommateurs de ces produits vit dans les zones rurales, qui parfois, ne sont pas très éloignées de ces deux métropoles.[do_widget id=facebook-widget-3] Il sera difficile pour le ministère de faire appliquer cette résolution dans ces marchés où les prix sont impactés par d’autres facteurs comme le transport et la marge des acteurs de distribution. L’autre point marquant du communiqué ministériel, c’est que cette action semble être limitée dans le temps. Il parle d’un approvisionnement qui peut satisfaire le marché sur les trois ou quatre prochains mois. Mais aucun détail n’est donné sur ce qui fonde cette certitude. Et les défis soulevés par les acteurs de la filière d’importation de ces produits n’ont pas confirmé la disponibilité de tels stocks. Cela est encore plus improbable pour le poisson qui ne peut être conservé autant de temps.

    Rappel 1 : Le budget agricole a augmenté, mais très en deçà du niveau de référence

    Le fait est que le gouvernement court aujourd’hui après une situation, sur laquelle je bihebdomadaire Ecomatin avait donné des alertes. La première avait été de rappeler que les dirigeants camerounais sur une période de dix ans précédant l’année 2017, n’étaient pas parvenus à consacrer 10% du budget national à l’agriculture. En 2017, le budget consacré à l’agriculture avait atteint les 111 milliards de FCFA, selon des données recueillies par le journaliste Daniel Bekolo. Ce chiffre représentait un record, en comparaison au budget de 26 milliards de FCFA consacré à l’Agriculture en 2006.  Mais une analyse de dix années de budget national depuis l’année 2006 a démontré que près de 876 milliards de FCFA ont été consacrés au secteur mais cela ne représentait que 3% des dépenses publiques globales de la période. Or tout le problème est là selon des statistiques récentes, le secteur agricole emploi près de 70% de la force de travail effective, mais ne contribue qu’à hauteur de 20% de la création de valeur ajoutée. De nombreuses initiatives n’ont pourtant pas manqué. Le président de la République Paul Biya lors du comice agro pastorale d’Ebolowa avait annoncé avec force le lancement de l’agriculture de deuxième génération. Elle passait par la modernisation des champs et la mise en place d’unités pour une première transformation. Le pays est passé par une série de programmes aussi bien agricoles que pastoraux. Mais plusieurs de ces programmes ont fait parler d’eux dans le mauvais sens. L’usine de montage des tracteurs d’Ebolowa est quasiment à l’abandon, et seules quelques machines ont été remises. Il y a quelques années, un gros scandale avait écumé le programme maïs avec à la clé une grosse affaire politico judiciaire. Reçu par un responsable du ministère de l’Agriculture, la rédaction d’Ecomatin s’était fait dire que le non-respect des accords de Maputo n’était pas le fait exclusif du Cameroun. Mais des discussions avec la chambre d’agriculture avait permis de déterminer que l’unanimité n’était pas acquise entre les acteurs officiels de ce secteur. On déplorait surtout le fait que les montants disponibles n’étaient pas utilisés avec efficience.

    Rappel 2 : La crise des devises

    Quelques mois plus tard, la rédaction d’Ecomatin a averti sur un problème qui a refait surface, celui de la difficulté d’accès aux devises pour payer les fournisseurs internationaux. Le prix du poisson à ce moment-là montait déjà et le carton avait atteint les 30 000 FCFA contre 25 000 précédemment.  « Lorsque je vais au matin chaque matin, je découvre un nouveau prix. Nous les petits détaillants, nous sommes obligés d’augmenter aussi les prix pour avoir de la marge », s’exprimait une dame à ce sujet. Aujourd’hui, ces « petites dames » de la filière poisson n’ont pas été invitées à la table des discussions. Or, la grande majorité du poisson consommé localement (70% selon des chiffres du ministère du Commerce). Selon des chiffres du Centre international du commerce, les importations de poissons au Cameroun ont représenté environ 140 milliards par entre 2011 et 2017. Une situation qui difficilement comprise car, selon des experts le bassin hydrographique du Cameroun lui permet de développer une importante production de poisson d’eau douce. Or depuis 2016 que s’est déclarée la crise des devises, la banque centrale a apporté des restrictions à l’utilisation de ces devises. Avec un taux de couverture extérieure de la monnaie de seulement 57%, la compétition est rude et forcément cela crée un renchérissement des coûts d’importations.

    D’après les chiffres officiels, le Cameroun produit actuellement 168.000 tonnes de poisson, toutes espèces confondues, par an. Pourtant, d’après les estimations officielles, les besoins annuels sont estimés à 240.000 tonnes environ. Soit un gap de 72.000 tonnes chaque année entre la production et la demande. La conséquence de cette faible production locale est les importations.  Par exemple en 2013, les poissons congelés représentent en moyenne 2,7% des importations du Cameroun, devant les véhicules et engins qui représentent 2,1% du trafic import. Ces produits proviennent majoritairement de la Mauritanie et de la Chine, représentant 41% du volume total des importations. Pourtant, le Cameroun regorge de potentialités qui peuvent permettre d’augmenter l’offre en produits halieutiques. Par ailleurs, il est à constater que non seulement la production locale n’est pas en quantité suffisante, mais, elle n’est pas adaptée au marché. En effet, le coût des produits locaux est deux fois supérieur à celui des produits importés et ne répond pas à la bourse des consommateurs. Seuls, les plus nantis peuvent se targuer de manger du bar camerounais.  Là est réellement le défi de ce secteur au Cameroun. Tout de même, il faut reconnaître que les efforts de structuration du secteur halieutique au Cameroun ont considérablement évolué. De même, les budgets y afférant ont été revus à la hausse ces dernières années. Cette volonté s’est traduite à travers l’appui aux pêcheurs et aux transformateurs organisés, en équipements de pêche et de traitement des produits pour accroître leur production, au renforcement de la structuration des pêcheurs en groupes socio-professionnels, à l’appui au développement de l’aquaculture par la réhabilitation des étangs privés.

    Rappel 3 : La diversification tant annoncée de l’économie piétine

    La diversification de l’économie Cameroun a du mal à tenir la route. Et pourtant, le gouvernement camerounais ne cesse de faire des appels à la diversification, la qualifiant de meilleur atout du Cameroun pour faire face à la crise qui touche depuis peu les pays de la CEMAC depuis la chute des cours du pétrole. Rien ou presque n’a changé depuis lors. Le Cameroun a une balance commerciale déficitaire. Le pays importe toujours plus qu’il n’en exporte. Selon le rapport que vient de publier l’Institut national de la Statistique (INS) sur le commerce extérieur au Cameroun au premier trimestre 2018, le déficit commercial du Cameroun continue de se creuser. Les conclusions de ce rapport font état de ce que la balance commerciale pour cette période est de 253,4 milliards de FCFA, soit une augmentation de 159,5 milliards de F CFA (+169,7%) en glissement annuel.

    En bref, le Cameroun s’endette pour acheter de la nourriture que lui-même est capable de produire localement

    Cette aggravation du déficit commercial résulte d’une augmentation des importations de 105,8 milliards de FCFA et d’une diminution des exportations de 53,7 milliards de F CFA par rapport au premier trimestre 2017. Même si cette performance donne lieu de s’inquiéter, le pays reste dans un seuil acceptable de déficit. Il faut tout de même souligner que ce déficit pourra à long ou à moyen termes se refléter sur le service de la dette. Plus l’on s’attèle à rembourser le déficit, moins on a tendance à financer les investissements.  En réalité, si le déficit de la balance commerciale ne représente pas en lui-même un danger immédiat sur l’économie, la réelle inquiétude réside dans la qualité des produits importés et exportés. Le rapport de l’INS souligne qu’au premier trimestre 2018, les dépenses d’importations du Cameroun se chiffrent à 719,8 milliards de F CFA pour 1,8 millions de tonnes de marchandises, enregistrant ainsi des hausses de 17,2% en valeur et 22,5% en quantité par rapport au premier trimestre 2017. Cette augmentation des dépenses d’importation résulte de la hausse des dépenses d’importation des produits de l’industrie chimique (55,5%) dont 18,5% pour les produits pharmaceutiques, des cokes de bitume et autres résidus du pétrole (303,7%), des céréales (23,2%) dont 20,6% pour le riz, des animaux et produits du règne animal (26,1%) et les poissons de mer congelés (18,9%). Par contre dans le même groupe des produits importés, les machines et appareils électriques (-30,7%), carburants et lubrifiants (-61,8%) et véhicules de tourisme (-13,4%) sont en baisse. Ce qui permet de constater que les produits de consommation sont en hausse par rapport aux produits de production. La facture des importations de produits alimentaires par exemple représente 23,4% des dépenses d’importations contre 22,0% à la même période de l’année 2017. Elle est nettement en hausse alors que les importations de la technologie et des appareils électriques qui soutiennent l’investissement. C’est-à-dire que le Cameroun importe pour se nourrir et non pour développer les infrastructures et relancer les secteurs productifs.

    En plus dans la liste des principaux produits agroalimentaires importés outre les céréales (10,1% dont le riz et les et les poissons de mer congelés, on retrouve les animaux et produits du règne animal (4,7%) ; produits du règne végétal (11,3%) ; graisse et huile animales ou végétales (1,7%) et produits alimentaires industriels (5,7%).  Tous des aliments qui ont la capacité d’être produit localement. En bref, le Cameroun s’endette pour acheter de la nourriture que lui-même est capable de produire localement. Une subtilité qui relève là les grands défis de la diversification de l’économie. Ainsi, investir pour la production de ses produits de manière à satisfaire la demande locale et d’envisager l’exportation serait d’un avantage considérable pour solidifier et consolider l’économie locale. Or, dépenser de l’argent pour des produits de consommation ne produit pas de la richesse, au contraire elle enrichit les producteurs étrangers et à la limite les importateurs.

    Page 6 Des explications possibles à la crise actuelle

    Confier la gestion du problème au ministre du Commerce semble être une fuite en avant. Non seulement son département ministériel n’est que peu outillé, en plus de cela, il ne peut pas agir sur des éléments de gouvernance qui sont devenus de vrais défis de conjoncture. Le Premier est la baisse de la production des produits alimentaires, conjuguée à la perturbation des circuits d’approvisionnement (Routes notamment). Comme annoncé une année auparavant, l’offre des produits alimentaires est faible au Cameroun. La culture vivrière pratiquée sur de petites surfaces, ne permet pas de dégager suffisamment de revenus, pour financer les besoins des gens qui ont évolué entre temps (Téléphone androïd, des femmes sophistiquées, et un mode de vie moderne). Or, pour avoir l’accès aux ressources financières qui permettent de consommer ces nouveaux biens et services, il faut produire plus et pouvoir les apporter sur le marché, pour satisfaire la demande. Mais les gens abandonnent. Et là aussi, il y a quelques raisons. Une politique foncière qui ne vise pas le déploiement agricole. Les personnes âgées vivent mieux et plus longtemps, et donc continuent d’avoir la mainmise sur les propriétés foncières, or elles n’ont ni les ressources financières, ni les ressources physiques pour mettre en exploitation ces superficies. Les jeunes qui sont dans ce conflit de l’accès au foncier sont donc contraints soit d’exercer dans des métiers du tertiaire (moto taxi généralement), soit de quitter pour aller trouver le bonheur en ville. Or, cette situation provoque de type de problèmes. La production agricole baisse alors que la demande notamment des grandes villes augmente. La parfaite situation pour une hausse généralisée des prix.

    Abandon des champs, accroissement de la population urbaine

    Toujours dans cette rubrique, les crises sécuritaires que connaissent plusieurs régions du pays est venue rajouter à ce problème déjà complexe. Deux d’entre elles que sont le Nord-ouest et le Sud-Ouest représentent de gros bassin de production. Non seulement on n’y produit plus normalement, les voies d’approvisionnement sont coupées par des bandes armées et l’occupation militaire, mais aussi, de nombreux originaires de ces zones fuient les hostilités et arrivent à Douala et Yaoundé. La conséquence est une explosion de la demande pour des produits alimentaires qu’on ne produit plus ou qui ne sont plus disponibles sur le marché en quantité suffisante. Or, plus de gens dans les villes, c’est plus de demande de produits alimentaires, et moins de production dans les villages ajoutés à des routes qui sont de mauvaises qualités (Yaoundé-Bafoussam-Douala), cela entraîne un cercle vicieux de hausse des prix. La Bayam Sallam qui avant envoyait ses enfants à l’école en vendant un sac de mais, doit payer plus cher désormais, elle est donc contrainte d’augmenter ses prix pour avoir plus de marges, lorsqu’elle ne te vend carrément pas la qualité pour maintenir ses marges.

    Une crise des devises devenue effective

    Le deuxième défi est celui de la politique monétaire. La BEAC est désormais très frileuse de faciliter la création monétaire. Ce qui dans le cas présent lui crée un arbitrage difficile. Normalement, lorsque les prix augmentent, les banques centrales comme la BEAC durcissent les sorties d’argent, car des prix en hausse signifie en théorie monétaire, qu’il y a tellement d’argent en circulation, que les gens sont prêts à payer plus pour avoir le moindre bien. Dans le cas du Cameroun, on vit la même situation. Il y a une masse importante d’argent, sauf que le collatéral de cet argent, ce n’est pas les biens produits localement, (la BEAC aurait injecté plus d’argent pour permettre une plus grande production des biens et donc une baisse des prix). Mais le corolaire fondamental, ce sont les réserves de change en raison des sollicitations de paiement des importations. « Si vous avez 100 FCFA, il y a des chances que 70% de ces 100 FCFA soient dépensés sur des produits importés ou semi importés. Or, pour acheter sur le marché mondial, la monnaie utilisée c’est la devise internationale qu’est le Dollar. Lorsqu’on a assez de Dollars pour couvrir nos importations et dépenses extérieures, pas de problème. Mais actuellement, pour 100 FCFA au Cameroun, la banque centrale ne peut couvrir que 57 FCFA en Dollars», explique idriss linge, journaliste financier à l’Agence Ecofin. Non seulement cette situation crée une compétition pour l’accès aux devises, et donc les titres d’importation deviennent plus chers, mais encore, cela réduit l’offre des produits alimentaires car, on n’a pas assez de devises pour en importer. Un repli qui vient s’ajouter à la baisse de l’offre de la production locale. Or, que ce soit les importateurs et les producteurs locaux, ils défendent tous le même principe. Face à la hausse de leurs charges, ils veulent aussi augmenter leurs marges et donc ils augmentent les prix alors que pour 40% de la population, les revenus n’ont pas augmenté

    Une gouvernance tatillonne de l’administration et des entreprises

    Il y a enfin des mauvais arbitrages dans la politique budgétaire. Le gouvernement lui aussi voit ses besoins augmenter. Ses mauvaises politiques structurelles ont conduit à la hausse des prix que vous subissez et qu’eux aussi finalement comme consommateurs (67% du budget de l’Etat), ils subissent. Plutôt que de voir que le problème c’est de réduire leurs dépenses, ou revoir la politique des taxes comme la TVA pour libérer de la liquidité dans le secteur des affaires et encourager les investissements, il n’en a rien été. Au contraire, il élargit les taxes sur des contribuables déjà existants, et le peu d’acteurs économiques qui acceptent de fonctionner dans le formel. Le poids des formalités administratives, ajouté aux coûts déjà exorbitants des processus d’importations, tend à renchérir le prix des biens de consommation. Enfin, il y a un manque de vision stratégique et la mauvaise foi des hommes d’affaires camerounais, qui se lancent tous dans la course à l’argent plutôt que la course au cercle économique vertueux. Tout le monde augmente les prix à son niveau et l’effet d’entraînement de la hausse crée une bulle d’augmentation.

    Le Mincommerce en guerre contre toute hausse illicite des prix

    Cela ne fait plus aucun doute, il y a véritablement surchauffe des prix sur le marché camerounais. Et, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a pris l’ampleur de la situation, lors des concertations, le 20 mars dernier à Yaoundé, avec les opérateurs des filières riz et poisson importés. Des concertations auxquelles prenaient part les associations de défense des droits de consommateurs. Au terme de ces concertations, des prix au consommateur du riz et du poisson, des produits qualifiés de première nécessité, ont été arrêtés de commun accord. Ainsi, pour ce qui concerne le riz, le 25% de brisure qui représente 70% des approvisionnements doit se vendre au prix 330 Fcfa le kilogramme à Douala et 350  Fcfa/kg à Yaoundé. S’agissant du riz de luxe, notamment le riz thaïlandais 5% de brisure, son prix est de 410 Fcfa/kg à Douala pour ce qui concerne les marques premium (Neima, Buoli, Dindon et Lion) et 375 Fcfa/kg pour toutes les autres marques. Pour la ville de Yaoundé, le riz des marques premium doit se vendre à 425 Fcfa/kg et 390 Fcfa/kg pour toutes les autres marques.

    Pour ce qui est du poisson, le prix du maquereau 20+ doit osciller entre 1000 et 1200 Fcfa/kg à Douala comme à Yaoundé. Le thon moyen calibre quant à lui doit se vendre à 700 Fcfa/kg à Douala tout comme à Yaoundé. Pendant que la sardine se vendra à 750 Fcfa/kg dans les marchés de Douala comme ceux de Yaoundé. Pour ce qui est de la variété bar Corvina gros calibre, son prix est fixé à 1350 Fcfa/kg à Douala comme à Yaoundé. Et enfin, le bar calada gros calibre est aussi vendu à 1350 Fcfa/kg à Douala et Yaoundé. Le ministre du Commerce précise d’ailleurs que ces produits sont disponibles en quantité 200 000 tonnes pour le riz et déjà des quotas pour 188 000 tonnes attribués par le ministre des Pêches et des Industries animales à 9 importateurs pour le poisson. Il n’y a donc pas de risque de pénurie de ces produits. Les quantités disponibles étant suffisantes pour assurer l’approvisionnement normal  du marché au cours des trois, voire les quatre prochains mois.

    Par ailleurs, le Mincommerce, a donné des instructions fermes aux services compétents de son département ministériel, pour des contrôles effectifs, permanents et à tolérance zéro. Car, faut-il le souligner, il ne suffit pas pour cette administration de fixer les prix de certains de première nécessité, il faut surtout  que ces prix soient effectivement appliqués sur le terrain. Ce qui, très souvent n’est pas le cas. D’où l’importance de la veille sur les prix pratiqués sur le marché que doivent mener les services du Mincommerce.

  • Une EcoMatin N° 230 actuellement en kiosque

    226A la une:

    –  Barrage hydroélectrique de Song-Loulou : où est passé le plan d’urgence de réhabilitation ?

    Banques et Finances

    – Financement budgétaire : comment l’Etat va mobiliser 260 milliards – Marketing : Atlantique assurances en campagne de séduction – Zone Cemac : Près de 3000 milliards dans des banques à l’étranger Société Générale Cameroun change de slogan

    Buisnes

    Emergence du Cameroun : Des interrogations sur les priorités du budget 2019

    Conjoncture

    Salaire des fonctionnaires : Que se passe-t-il au Cenadi ?
    Exploitation illégale du bois : le coup d’épée dans l’eau d’Atanga Nji

  • Libre circulation: la Cemac adopte une politique commune d’émi-immigration et de protection des frontières

    La libre circulation dans l’espace de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) reste un sujet de préoccupation. Malgré l’adoption par les Etats membres de cette sous-région de l’Acte additionnel portant suppression de visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire, son application fait toujours problème, avec certains Etats qui trainent le pas pour appliquer ses dispositions. Ce qui continue à mettre à mal la marche vers l’intégration de cette sous-région. L’on peut aisément comprendre le choix du thème du 14ème sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac : « Redynamiser l’intégration régionale et restaurer la sécurité en zone Cemac pour le renforcement des réformes économiques ». Et, l’une des principales résolutions de cette conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac, notamment sur l’état de mise en œuvre de la libre circulation des personnes dans cette zone est l’adoption d’une politique commune d’émigration, d’immigration et de protection des frontières de la Cemac. A cet égard, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement, peut-on lire du communiqué final ayant sanctionné ces travaux, a instruit le président de la Commission de la Cemac, d’une part, d’accélérer l’application de l’Acte additionnel portant suppression de visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire. Et d’autre part, de mener des actions vigoureuses pour la mise en œuvre de ladite politique commune. En effet, l’Acte additionnel portant suppression de visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire a déjà été entériné par l’ensemble des Etats de cette sous-région, mais certains pays comme la Guinée Equatoriale qui était d’ailleurs le dernier à le faire en 2017, n’hésite pas de temps en temps à fermer sa frontière aux autres ressortissants de la Cemac.

    Air Cemac définitivement enterré

    Ce sont d’abord les ministres des transports des pays membres de Cemac qui, en 2018 avaient décidé de définitivement liquider la compagnie régionale Air Cemac. Les responsables gouvernementaux avaient également décidé que les revenus de sa liquidation estimés à 7,569 milliards de FCFA, soient transférés à la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Cette décision a donc été entérinée par la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac qui,  14ème sommet ordinaire de la Cemac, le 24 mars 2019 à Ndjamena au Tchad, évoquant la liquidation de la compagnie Communautaire « Air-Cemac, et l’affectation du boni de cette liquidation, a d’une part, adopté deux Actes additionnels qui abrogent l’un la création de ladite compagnie et l’autre la fixation de son siège et, d’autre part, a décidé de rétrocéder les apports des Etats membres au Fonds de Développement de la Communauté (Fodec).


    >> Lire aussi – La Cemac impuissante face aux entreprises minières


    Créée en 2001 par la volonté des chefs d’Etats dudit espace communautaire, la compagnie Air Cemac avait vocation de desservir les capitales des six pays de la zone, mais aussi une vingtaine d’autres villes du continent avant d’explorer les lignes européennes. Malheureusement, le projet n’a jamais pu décoller.

     Une surveillance multilatérale à redynamiser

    La mise en application au sein de la Cemac des critères de convergence reste problématique. En examinant, dimanche 24 mars dernier, lors du sommet de Ndjamena, les questions relatives à la surveillance multilatérale, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement dit avoir pris acte des performances macroéconomiques des Etats membres ainsi que l’état de conformité en 2018 aux nouveaux critères de convergence de la Cemac, qui demeurent encore contrastés d’un Etat à un autre. En vue d’y remédier et, surtout, de disposer d’un dispositif fiable d’alerte précoce aux crises, la Conférence a instruit le président de la Commission d’accélérer la mise en place dans les Etats membres des outils pour la redynamisation de l’exercice de la surveillance multilatérale, à savoir les programmes triennaux de convergence (d’ici au 31 juillet 2019), les stratégies d’apurement des arriérés de paiement crédibles et exhaustives (d’ici au 31 décembre 2019), ainsi que l’opérationnalisation des cellules nationales de surveillance multilatérale, incluant la mise en place d’un système plus performant en matière de l’information statistique. Aussi, sur la question du financement de la Communauté, la Conférence des Chefs d’État a appelé les ministres des Finances à une stricte application du mécanisme autonome de financement de la Communauté et de procéder, au plus tard le 31 décembre 2019, l’apurement de l’intégralité des arriérés dus au 31 décembre 2018 par les Etats, tout en recommandant une amélioration de la gouvernance au niveau de l’ensemble des institutions communautaires. En outre, elle a particulièrement exhorté le président de la Commission de la Cemac à approfondir la réflexion sur les sources alternatives de financement de la Communauté.

    Accélérer le processus de décaissements des fonds au profit de la Bdeac

    La situation de l’outil de financement du développement de la Cemac, la Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac) est sans doute reluisante. Le constat a été fait lors de la présentation par le président de cette institution bancaire de la situation de son institution et des réformées menées en son sein. De ce rapport, il est apparu que celle-ci a nettement accru son volume d’interventions de financement des économies de la sous-région. Toutefois, tout en se réjouissant de cette embellie, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac a recommandé au président de la Bdeac, la poursuite des réformes afin de restaurer sa crédibilité et d’accroître davantage ses capacités de financement. A cet égard, la Conférence a instruit le gouverneur d’accélérer le processus de décaissement des fonds au profit de la Bdeac pour permettre le financement des entreprises.

    Réagissant à la présentation du rapport du président de la Cosumaf, les Chefs d’Etat, ont donné des orientations circonstanciées en vue de résoudre les difficultés particulières que connait cette institution

    S’agissant de la question de rapatriement des recettes d’exportation en particulier des grandes entreprises, la Conférence a donné mission à la Commission de la Cemac de défendre la position commune et solidaire des six Etats membres afin d’amener celles-ci à respecter strictement la réglementation des changes en vigueur.  A cet égard, les Chefs d’Etat et des délégations au sommet de Ndjamena ont donné des orientations précises pour la conduite de ladite mission. Réagissant à la présentation du rapport du président de la Cosumaf, les Chefs d’Etat, ont donné des orientations circonstanciées en vue de résoudre les difficultés particulières que connait cette institution. Dans ce cadre, la Conférence a instruit la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) de mettre en application les dispositions de l’Acte additionnel portant unification du marché financier de l’Afrique centrale.

    Satisfecit sur la mise en œuvre des réformes et programmes

    Néanmoins, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement a encouragé tous les États et l’ensemble des institutions économiques, monétaires et financières de la Cemac impliquées dans la mise du Programme à poursuivre leurs efforts pour renforcer la viabilité des finances publiques, et la couverture de notre monnaie par la mise en œuvre accélérée des mesures prises en vue du rapatriement des recettes d’exportations. Par ailleurs, elle a invité à la solidarité entre les Etats et à accélérer l’aboutissement des négociations pour les programmes du Congo et de la Guinée Equatoriale. Tout en réaffirmant leur engagement à soutenir ces deux pays dans la finalisation des discussions avec le FMI.


    >> Lire aussi – Budget 2018: les actes manqués de la Cemac


    Sur l’état d’avancement de la mise en œuvre du PREF-Cemac, la Conférence, tenant compte des signes de sortie d’une longue récession qui a duré plus de quatre ans, a adressé ses félicitations au président dédié au PREF-Cemac, Denis Sassou Nguesso, pour les avancées enregistrées. De même qu’au président dédié à la rationalisation des CERs, Paul Biya, qui a pris le flambeau de la présidence en exercice de Cemac, pour les avancées significatives enregistrées dans ce processus de rationalisation des CERs en Afrique centrale. Afin d’accélérer ce processus et de capitaliser les résultats ainsi enregistrés, le président dédié à ce programme a informé la Conférence de l’organisation d’un sommet extraordinaire conjoint Ceeac/Cemac dans un avenir proche.

  • Marketing : Atlantique assurances en campagne de séduction

    C’est une campagne de communication tous azimuts que mène actuellement Atlantique assurances Cameroun-Iardt. C’est filiale de Banque Atlantique, par voie de presse, vient de lancer une campagne publicitaire en direction du grand public pour proposer ses services dans le domaine de la santé, l’automobile, l’habitation, le transport, le voyage, la responsabilité civile. Cette offensive de Banque Atlantique intervient dans un contexte où, 26 compagnies animent le marché camerounais des assurances : 16 sociétés dans la branche non vie « IARDT » et 10 sociétés dans la branche « VIE », dont WAFA Assurance Vie et ACAM Vie qui ont fait leur entrée sur le marché, au cours de l’année 2016. Les sociétés et intermédiaires d’assurance ainsi que les experts techniques sont les principaux acteurs de ce marché.

    Le chiffre d’affaires du secteur s’élève à 185,7 milliards FCFA en 2016, en augmentation de 1,9% par rapport à 2015

    Le chiffre d’affaires du secteur s’élève à 185,7 milliards FCFA en 2016, en augmentation de 1,9% par rapport à 2015. La branche « IARDT » représente 70,75% des parts de marché. Dans la branche non vie, les encaissements progressent de 0,6% pour s’établir à 131,4 milliards FCFA. Avec une part de marché de 15,6% et un volume de primes de 20,4 milliards FCFA, AXA Assurances est en tête du classement des sociétés non vie. Axa Assurances est suivie par la Société Africaine d’Assurances et de Réassurance (18,9 milliards FCFA), ACTIVA Assurances (17,7 milliards FCFA) et Allianz Cameroun (13,4 milliards FCFA). A elles seules, ces quatre compagnies accaparent 53,6% du marché non vie.
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    Le marché vie affiche, quant à lui, a une croissance de 5,38% à 54,33 milliards FCFA. Il est dominé par quatre compagnies qui totalisent près de 85,6% de l’ensemble des souscriptions vie : Allianz vie (18,7 milliards FCFA), Beneficial Life (10,3 milliards FCFA), SUNU Assurances Vie (9,9 milliards FCFA) et ACTIVA Vie (7,6 milliards FCFA).

    Atlantique Assurances Cameroun IARDT a été constituée le 4 février 2016 à Douala, avec un capital initial de 1,2 milliard de FCFA. Cette nouvelle entreprise, dont l’objet social indique qu’elle est une compagnie d’assurance exerçant dans la branche dommages, a pour directeur général un certain Guy Rolland Rasoanaivo, tandis que son conseil d’administration est présidé par l’homme d’affaires ivoirien Koné Dossongui.

    A travers Atlantique Assurances Cameroun IARDT, le groupe ivoirien Atlantic Financial Group (banque et assurances), allié au Marocain Banque centrale populaire (BCP), tente ainsi une percée dans la zone Cemac, après des implantations plutôt réussies en Côte d’Ivoire, au Togo, au Mali et, très récemment, au Benin.

  • Financement budgétaire: comment l’Etat va mobiliser 260 milliards

    Paul Biya, le président de la République, a signé le 22 mars dernier un décret habilitant le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, à recourir à des émissions de titres d’un montant maximum de 260 milliards FCFA. Ces ressources financières, selon le décret présidentiel, sont destinées au financement des projets de développement inscrits (infrastructures, routes, eau, énergie, transports, etc.) dans la loi de finances du Cameroun pour l’exercice 2019. Le Trésor public camerounais reconduit ainsi, le même volume de titres à émettre qu’en 2018. Cela, après un volume moyen de 300 milliards FCFA sur les trois années précédentes.


    >> Lire aussi – Emprunt obligataire : comment l’Etat viole les standards internationaux


    Comment l’Etat va-t-il procéder pour mobilise les 260 milliards ? L’on sait de source sûre qu’au mois de juin 2019, le Trésor public camerounais devrait en principe, repartir sur le Douala Stock Exchange (DSX), la bourse des valeurs mobilières du pays, pour un nouvel emprunt obligataire d’un montant de 100 milliards de FCFA, révèle le calendrier indicatif annuel des opérations sur les titres publics, mis à la disposition de la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (Beac) par le ministère des Finances.

    En dehors de l’emprunt obligataire de 100 milliards prévu juin prochain, l’on sait que pour le reste des 160 milliards, l’Etat pourrait recourir aux émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA)

    Cette opération sera le 6ème appel public à l’épargne de l’histoire des finances publiques camerounaises, après le tout premier lancé en décembre 2011. Jusqu’ici, toutes ces opérations de lever de fonds auprès du grand public, en vue de la réalisation de grands projets d’infrastructures, ont été couronnées de succès. En effet, en novembre 2018, le 5ème emprunt obligataire de l’Etat du Cameroun avait été sursouscrit, les investisseurs ayant servi au Trésor public une enveloppe de 204 milliards de FCFA, sur une demande initiale de 150 milliards de FCFA. Une autorisation de sur allocation délivrée au gouvernement par la Commission des marchés financiers (CMF), le régulateur du marché boursier local, avait finalement permis à l’Etat d’empocher 200 milliards de FCFA..
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    En dehors de l’emprunt obligataire de 100 milliards prévu juin prochain, l’on sait que pour le reste des 160 milliards, l’Etat pourrait recourir aux émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA), titres de créance de long terme sur lesquels le Cameroun remporte jusqu’ici un succès mitigé, à la différence des bons du Trésor assimilables (BTA), qui sont des titres de court terme, sur lesquels les investisseurs se ruent à chaque émission

    Néanmoins, l’on note, au cours de cet exercice 2019, une baisse du volume des émissions de titres (d’environ 40 milliards FCFA) suite aux remarques du Fonds monétaire international (FMI) qui relève régulièrement que, l’Etat camerounais privilégie l’endettement non concessionnel à l’endettement concessionnel, jugé moins onéreux.


    >> Lire aussi – L’Etat solde le paiement l’emprunt obligataire de 2013


    L’Etat du Cameroun se targue tout de même d’être un bon payeur car, jusqu’au second semestre 2018, le trésor public se félicitait de n’avoir pas d’arriérés de paiement sur les titres publics (Bons du trésor, emprunts obligataires et eurobond) dont les engagements et les échéances sont rigoureusement respectés.

    Au ministère des Finances, les responsables affichent de l’optimisme quant au succès des opérations de levées de fonds projetées. Ce d’autant qu’en 2018, le Trésor public a pu aisément mobiliser 7 milliards de FCFA toutes les deux semaines sur le marché des titres de la BEAC, sur lequel le Cameroun n’affiche aucun défaut de paiement depuis 2011.

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